le Palais de Justice de Basse-Terre

La dénomination bâtiments publics comprend les bâtiments militaires, administratifs, commerciaux et religieux.
Dans le passé, l’organisation urbaine mettait en scène le bâtiment public dans son rôle symbolique très puissant avec un rôle social majeur.
Un bâtiment public est indissociable de l’idée de permanence, et de celle de son inscription. Il est enraciné dans un lieu et va peut-être subir des transformations, des altérations d’usages. Mais il se situe avant tout dans un contexte. Même s’il a vocation à évoluer, à être approprié, à être redéfini, il doit avoir cette ambition de persister au-delà des modes, au-delà de l’instant, indifférent à la différence. La ville est fabriquée par les bâtiments publics.
Issus de la tradition ou de l’histoire, les bâtiments publics ont toujours constitué un fait majeur dans la ville. Qu’il s’agisse en tout premier lieu, de l’hôtel de ville, centre de gestion de la cité, de bâtiments militaires ou de justice, d’universités ou d’hôpitaux, etc…, l’enjeu urbain des bâtiments publics n’est plus à démontrer.

les Bâtiments Militaires

L’infrastructure et l’architecture militaire des Antilles sont indissociables de son histoire. Dès les premiers jours de la colonisation, des forts de bois et de pierres furent érigés. Par la suite, un chapelet de batteries furent installées le long de la côte afin d’empêcher tout débarquement ennemi.

Vieux-Fort-BatterieLe fort Royal (rebaptisé par la suite, fort l’Olive), à Vieux-Fort (Guadeloupe) et le fort Saint-Pierre, à Saint-Pierre (Martinique) sont les premières infrastructures militaires des Antilles française.
Ils furent bâtis dans un double souci, protéger les implantations coloniales des problèmes intrinsèque et extrinsèque, représentés par les populations autochtones et les invasions Anglaises et Hollandaises. Le système d’implantation côtier des forts est dès lors orienté défensif.

Avec le temps, l’évolution architecturale des forts s’est faite selon deux orientations, l’extension et la dissimulation.

Le Fort Delgrès, ancien Fort Saint-Charles (Basse Terre) en est un très bon exemple.

Il fut dans sa première configuration en 1650, la maison particulière de Charles Houel.

Le R.P. Du Tertre (Histoire des Antilles, tome I,p.445) parle ainsi de sa construction :

« M. Houël ravy de cette association, appliqua tous ses soins à faire bastir une maison proche de la principale rade de la Basse-Terre : il la fit d’une structure toute nouvelle à 4 faces et à quatre estages. Dans chaque estage, il y a quatre chambres de plein pied, les murs sont de très belles pierres, de trois pieds d’épaisseur, et elle est fortifiée d’une terrasse à huict pointes, dont quatre couvrent les quatre coins du logis, et les quatre autres les quatre faces. Chacune de ces pointes fait une cour où l’on peut mettre des soldats pour la défendre, et l’on peut venir à cette maison que deux à deux, par une chaussée de pierre, au bout de laquelle il y a un portail quarré, où l’on se trouve toujours pris entre deux portes, sans qu’on s’en donne de garde. Au bas de cette maison, di costé de la mer, il y a une batterie de six pièces de canon qui commandent la rade, et qui la peuvent déffendre de l’abord des vaisseaux ».

Par la suite, le fort fut agrandi par deux fois, et de nombreuses modifications y furent apportées comme, la poudrière, la poterne, les cuisines et les citernes. On parle même d’un souterrain menant au « Carmel ». Il occupe avec son réseau de zones de feu entrecroisées, tout le flan du morne où il est érigé. Le système de défense est complété par une série de batteries disposées le long de la côte comme de la tour du père Labat à Baillif et la batterie de Deshaies.

Le XVIIIème siècle et ses différents conflits armés fut la période du développement de l’infrastructure militaire antillais.

Fort DelgresFort DelgresPointe-à-Pitre tout comme Basse-Terre, était une ville de garnison.
Au début du XVIIIème siècle, le Fort de l’Union, ancien Fort Louis, fut érigé sur le morne dominant l’entrée de la rade de Pointe-à-Pitre, afin d’en défendre l’accès. Il est composé d’un fort rectangulaire, avec des redents formant des bastions sur ses petits côtés; en contrebas une demi-lune de deux batteries est accostée face à la mer. Il fut un témoins clef des luttes contre les Anglais.
En 1768, en Martinique, l’ingénieur militaire Rochemore fit bâtir le Fort Desaix (ancien Fort Bourbon), selon les règles de Vauban afin de protéger le Fort Royal (Fort Saint-Louis). Le fort était considéré comme la clef de voûte de la souveraineté française dans les Amériques.
Il fut établi en deux enceintes indépendantes; ses lignes de défenses s’échelonnent de la demi-lune Nord-Est au réduit en passant par la caponnière. Les travaux s’étalèrent sur douze ans, pour se terminer en 1780.
De 1940 à 1943, il abrita sous l’administration de l’amiral Robert, Gouvernement de Vichy, une partie de l’or de la Banque de France transporté par le croiseur Emile Bertin. Il est, aujourd’hui, le siège de l’État-major des forces terrestres aux Antilles et le casernement principal du 33ème RIMA.

La batterie de l’îlet à Cochons a joué un rôle important dans l’histoire militaire de Pointe-à-Pitre. Les premières pierres de l’ensemble des bâtiments furent posées en 1793. Un an plus tard, la batterie n’empêcha pas le débarquement des Anglais. Laissés à l’abandon, la caserne et le magasin furent détruits par un incendie, en 1827. En 1843, le tremblement de terre fini de ravager la caserne. La reconstruction de la batterie débuta en 1856. Elle fut surélevée par rapport à son plan d’origine afin de protéger le corps de garde renforcé pour servir de réduit. Les travaux prirent fin en 1870.
La batterie dans son plan final, est constituée par un parapet en « U », formé par un remblai de vase. L’élément principal de la batterie est le « réduit », situé au centre de la construction. Le réduit, est un bâtiment vouté à l’épreuve de la « bombes ». L’entrée du bâtiment est situé sur la face nord et s’ouvrait sur un corridor desservant quatre petites salles puis cinq autres.
Un escalier permettait d’accéder à la terrasse supérieure, la plate forme de tir. Protégée par un couronnement crénelé avec à chaque face un parallélépipède, des mâchicoulis reposant sur des consoles en pierre de taille.
Dans les murs, à intervalles réguliers ont été aménagées des meurtrières.
La batterie fut déclassée en 1904.

Le Fort Fleur d’Épée fut érigé en 1794 sur le morne du quartier du Bas du Fort, au Gosier, en Guadeloupe.
Dominant la Grande Baie aux eaux émeraudes du Gosier, il commande l’entrée du Petit Cul de Sac Marin et de la rade de Pointe-à-Pitre. Le fort faisait parti de l’ensemble de protections, quasiment disparu aujourd’hui, avec le Fort l’Union et la batterie de l’îlet à Cochons.
Le site forme un polygone, fortifié à la Vauban.
L’entrée du fort est marqué par deux volumineux piliers en pierre de taille frappés de deux pyramides saillantes, posées sur un piédestal massif. Ils ouvrent sur une esplanade d’une cinquantaine de mètres de large d’où l’on distingue une poudrière, sous laquelle est dissimulé un réseau de galeries.

Le Fort Fleur d’Épée est de nos jours un musée occasionnel, où sont exposés des artistes peintres caraïbéens et européens de renoms; entre autres lors du Festag.

A Pointe-à-Pitre, sur la Place de la Victoire, se dresse la caserne d’infanterie.
Le bâtiment initial construit en 1823, fut détruit par le tremblement de terre de 1843. Il fut remplacé par un corps de caserne, formé d’un logis central prolongé par une aile dessinant un plan en « T ».
Le bâtiment est composé d’un rez-de-chaussée en maçonnerie et d’un pan de bois à l’étage. Ce système fut imaginé pour résister aux séismes.
Le bâtiment fut modifié en 1858, par la direction du Génie, pour palier au pourrissement du bois du pan. Il y fut ajouté une seconde aile au sud et le pan de bois fut remplacé par un mur de brique et de pierre calcaire.
En 1861, les travaux prirent fin et une galerie de circulation formée de colonnes en fonte, fut placée sur la façade Est de l’édifice.
Le bâtiment connu de nombreuses réaffectations au cours du XIXème siècle.
Il abrite actuellement la Sous-Préfecture de Pointe-à-Pitre et l’hôtel des impôts.

Vers la fin du XIXème siècle, afin d’obtenir des édifices plus solides, les constructions militaires utilisèrent le béton armé.
Le fort Tartenson, en Martinique est un très bon exemple d’ouvrage militaire, conçu en béton armé, en 1873. Le site est une fortification bastionnée de plan polygonale, entourée d’un fossé et d’une contre-escarpe maçonnée. Il constitue avec le Fort Saint-Louis (XVIIème siècle) et le Fort Desaix (XVIIIème siècle) la trilogie défensive des forces armées françaises en Martinique. Le fort eu pour fonction de résidence au Roi Béhanzin, Roi du Dahomey en exil; qui y résida avec sa famille de 1894 à 1898.

L’architecture militaire serait incomplète sans les hôpitaux.
La plupart des garnisons des Antilles étaient dotées d’hôpitaux militaires, dont la structure générale était généralement faite de pierres de taille.
L’ancien hôpital militaire de Pointe-à-Pitre, actuellement Lycée Carnot, reflète bien ces grandes structures maçonnées. Le bâtiment en « U » ouvre ses deux ailes vers la ville. L’édifice date de la première moitié du XIXème siècle. Sa galerie forme un double étagement de colonnes, au rez-de-chaussée et à l’étage. Les colonnes inférieures supportent le plancher en bois tandis que sur les colonnes supérieures s’appuie la charpente du toit.
En 1880, l’état cède le bâtiment à la ville, qui le réhabilita en Lycée.
Il existe cependant de nombreux ouvrages composés d’une structure métallique.
L’ancien hôpital militaire de Fort-de-France, à la Martinique en est un bon exemple, avec toute une structure faite de métal et de solides piliers en fonte.

La défense des îles fut un défit tout au long des siècles passés. Elle engendra d’une abondance de sites défensifs; aujourd’hui disparus ou sauvegardés.
L’énumération de toutes les batteries, forts, tours, etc… ne pourrai être pratiqué, leur nombre étant trop important. Néanmoins, nous avons présenté les principaux ouvrages militaires Guadeloupéens et Martiniquais.

les Bâtiments administratifs

Palais de Justice

Les équipements administratifs, Préfectures, mairies, écoles, hôpitaux civils, bureaux de poste, tribunaux, prisons… , se sont multipliés tout au long des siècles, avec la place considérable que prenait les territoires coloniaux.
C’est sur la période du XVIIIème au XXème siècles, avec la multiplication des fonctions administratives que l’histoire, nous a légué la plus grandes diversités de bâtiments empreints de l’architecture coloniale, créole et contemporaine.

Le premier hospice civil de Fort-de-France fut bâti en 1793, puis reconstruit en 1850. Mais il fut détruit en 1890, par un incendie.
A cette époque, il fut décidé de le rebâtir à l’extérieur de l’agglomération.
Reconstruits entre 1897 et 1899, l’ancien hôpital civil formait un ensemble de longs bâtiments en bois, à galeries périphériques. Ils furent désaffectés en 1984. Suite à son abandon, le bâtiment fut dépecé et démoli.

En Guadeloupe, la Sous-Préfecture de Pointe-à-Pitre située Place de la Victoire est un édifices daté du XIXème siècle. Il est formé par un corps de caserne composé d’un logis central prolongé par deux ailes. Le bâtiment fut bâti en maçonnerie, brique et pierre calcaire; agrémenté d’une galerie de circulation composée de colonnes en fonte, placées sur la façade Est de l’édifice.

A Pointe-à-Pitre, au lendemain du tremblement de terre de 1843, il fut décidé de fonder un hospice civil dans les faubourgs nord de la ville.
L’hospice Saint-Jule était un édifice novateur pour son époque. Le bâtiment en « T » est constitué d’un rez-de-chaussée en maçonnerie et d’un premier étage en pan de bois avec remplissage en brique. Perpendiculairement à l’hospice, agencé dans l’axe, s’élève une chapelle. En 1883, l’hospice « Saint-Jules » fut renommé en « hôtel-Dieu de la Pointe-à-Pitre », par le maire Armand Hanne. En 1911, suite à la loi de la séparation de l’église et de l’état, l’établissement prit le nom d’ « Hôpital autonome » jusqu’à la construction du nouvel hôpital en 1930.
En 1970, le conseil municipal décida de réaménager le bâtiment en centre culturel qui prit le nom de Rémy-Nainsouta.
Après le passage du cyclone « Hugo », en 1989, le centre fut restauré. Les murs en maçonnerie du rez-de-chaussée furent conservés mais en revanche à l’étage le béton vêtu d’un bardage de bois, remplace la maçonnerie entre les poteaux et le faux plafond disparaît pour laisser apparaître la charpente de bois en forme de carène.

La bibliothèque Schoelcher, inaugurée en 1891, est un des chefs d’œuvre de l’architecte Henri Pick.
Elle fut tout d’abord montée à Paris,en 1887, place du Carrousel.
Le bâtiment fut démonté et transporté par bateau, jusqu’à Fort-de-France pour être remontée sur le site actuelle.
La bibliothèque est destinée à l’éducation et la culture des martiniquais. Elle propose aujourd’hui, un fond de 130 000 livres composé de la donation de Victor Schoelcher.
L’édifice est un complexe mélange de styles byzantin, égyptien et d’art nouveau.
Le bâtiment est principalement est soutenu par une structure métallique, enveloppé par une maçonnerie de béton, brique, pierre, bois et d’ouvertures en verres. Pièce maîtresse de la bibliothèque, le dôme en verre capte une grande partie de la lumière. Un éclairage nocturne met particulièrement en valeur la structure du bâtiment.

Le Musée Schoelcher inauguré le 21 juillet 1887, est à la fois musée d’art et d’histoire. Il a été fondé à la suite des dons effectués par Victor Schoelcher à la Guadeloupe. Les travaux en eux-mêmes durèrent deux ans et les architectes s’employèrent à édifier un bâtiment dans le style classique de l’époque. Aujourd’hui, ce Musée reste un très rare exemple de construction ancienne de prestige encore debout et c’est ce qui fait toute son importance. Le décor de sa façade en est très soigné avec des pilastres cannelés à chapiteaux et des moulures ornées. En dessous, on retrouve des moellons calcaires recouverts d’enduit à la chaux. Construit sur un rez-de-chaussée et un étage, il a cependant bénéficié d’un agrandissement lors de la rénovation de 1984. Sous les combles, une petite salle d’exposition a ainsi été aménagée dans le but d’accueillir de nouvelles pièces.
Sa façade, initialement rose est riche de nombreuses moulures et balustrades
en fer forgé. Malgré les ans, ces dernières sont restées intactes et aujourd’hui, grâce aux efforts entrepris par la commune et le Conseil Général, cette magnifique demeure de Pointe à Pitre accueille les visiteurs avec une nouvelle façade jaune ocre.
Doté de ce fort caractère, le Musée s’affiche comme un lieu culturel incontournable et chaque visiteur peut découvrir dans la cour en entrant, une très belle statue du buste de Victor Schoelcher.

Réalisation majeure de la fin du XIXème siècle, l’ancien hôtel de ville de Pointe-à-Pitre, aujourd’hui médiathèque Achille René-Boisneuf, est un chef d’œuvre typique de l’architecture publique antillaise.
Le bâtiment se compose de deux niveaux, un rez-de-chaussée en brique élevé sur un vide sanitaire, recouvert d’un enduit et d’un étage et combles en bois. La façade est magnifiquement décorée, encadrement moulurés des chambranles, pilastres, fris à denticules, frise en zinc le long de la corniche du toit.
Le rythme ordonnancé des pilastres doriques et ioniques bordant les ouvertures cintrées au rez-de-chaussée et en plates-bandes à l’étage, démontrent un style résolument néoclassique.
L’intérieur du bâtiment, mainte fois transformé, a gardé une trace de chaque occupation; notamment l’imposant coffre-fort, lorsqu’il abritait les services municipaux et la Caisse d’épargne. On accède au bâtiment par un superbe escalier en pierre de taille. Toute la profondeur de l’édifice est occupée par un couloir central, servant de vestibule. De part et d’autre se trouvent des salles disposées en enfilades. Au fond du couloir se trouve l’escalier d’honneur, à deux volets et à palier intermédiaire. Il donnait accès à la salle des délibérations.
Après avoir accueilli l’hôtel de ville, le bâtiment abrita par la suite, la première bibliothèque de Guadeloupe de 1959 à 1977. Jugé vétuste, il fut fermé et classé monument historique en 1987. L’année suivante, débutèrent les travaux de restauration qui durèrent dix ans. Les structures en bois furent changées et les éléments métalliques, pour certains, furent refaits.
Le nouvel hôtel de ville, inauguré en 1973, est l’œuvre des architectes Creveaux et Tessier. Le bâtiment est inspiré par le mouvement corbuséen.
Conçu entièrement en béton armé, le bâtiment repose sur 53 poteaux enfoncés à près de 18 mètres sous terre, lui assurant une certaine stabilité. Le sol étant composé de remblais, reposant sur de la vase.
D’un point de vue architectural, le béton brut de décoffrage donne une certaine singularité et une originalité à l’édifice. Ce procédé n’est pas sans rappeler l’architecture corbuséenne.
A l’intérieur, les 4000 mètres carrés se déploient sur quatre niveaux. Le béton brut tranche avec les boiseries et les teintes chaudes de bois vernis, comme dans la salle du conseil.

Palais de Justice

Première construction guadeloupéenne de la campagne de reconstruction des bâtiments administratifs, et œuvre pointoise majeur de l’architecte Ali Tur. Le Palais de Justice fut érigé en 1930-1931, suite au passage destructeur du cyclone de 1928.
Le bâtiment actuel occupe l’emplacement du précédent palais; construction en bois néoclassique réalisé au milieu du XIXème siècle.
L’ouvrage architectural est posé sur un soubassement aveugle, authentique muraille couronné par un magnifique auvent au-dessus de la salle des pas perdus. L’accès à cette salle se fait par deux escaliers latéraux droits, ce type d’accès existait déjà sur le précédent Palais de Justice.
Ces grands escaliers longent la façade mais ne sont juste que suggéré par le traitement « en escalier » du grand mur d’enveloppe.
Espace semi-public semi-ouvert, la salle des pas perdus entretient une forte relation avec l’espace extérieur, ces deux ensembles ne sont séparé que par une petite grille.
Le palais est une architecture parfaitement maîtrisée, symétrique fondée sur la précision des proportions et des rythmes. On peut noter le nombre impair des ouvertures conduit par les colonnes, trois baies latéralement et cinq au centre.
Visibles de l’extérieur, les salles d’audiences sont marquées par des empilement de volumes en dégradé jusqu’au toit en terrasse.
Laissant une impression de mille-feuille.
Les excroissances marquent l’importance du lieu et permettent une aération naturelle des locaux par leurs grandes ouvertures hautes.
Dans les années 80, afin de gagner de l’espace, l’administration fait remplir en lames de béton horizontales les espaces entre les colonnes pour y aménager des bureaux.
Ces modifications rendent massif le bâtiment originel, dont la conception se signalait par sa finesse et son élégance.

L’hôpital général de Pointe-à-Pitre, érigé sur le morne Jolivière, fut bâti en 1930 par l’architecte Ali Tur.
Le bâtiment est conçu sur un plan en « L » autour d’une cour. Un important réseau de coursives périphériques desservent les différents pavillons et services, permettant ainsi de se déplacer en étant toujours abrité du soleil et de la pluie.
L’architecture générale du bâtiment est très sobre montrant ainsi la grande rigueur fonctionnelle de l’architecte. Les grandes ouvertures munies de lames de bois assurent une bonne ventilation naturelle.
L’entrée est majestueusement marquée par un porche voûte et, sur la droite, l’ancien logement des médecins témoigne de la modernité d’Ali Tur et du savoir-faire des maçons de l’époque.
En 1970, l’hôpital général fut intégré au nouvel hôpital, le CHU Pointe-à-Pitre-Abymes, et fit corps avec l’ensemble.

Le Lycée Schoelcher à Fort-de-France, implanté le long des pentes de Bellevue, face à la mer d’où il domine la baie, est une pièce unique du patrimoine martiniquais; dans lequel exerça Aimé Césaire.
Livré en 1936, l’architecture du Lycée a été attribué à Honoré Donat. Il doit son nom à l’ancien lycée de Saint-Pierre, disparu en 1902.
La conception des structures représentent l’aboutissement des connaissances parasismiques de l’époque. Les bâtiments du Lycée ont été conçu selon la technique du poteau-poutre.
Le dessin de l’ensemble rend perceptible la structure en réseau. Les corps d’immeuble comportent les salles de classes traversantes, précédées de larges galeries circulantes pour une ventilation naturelle. Les circulations constituent un enchevêtrement complexe de passerelles et d’escaliers.
Depuis plus de vingt ans, le Lycée doit être remis en état mais ces travaux semblent aujourd’hui compromis.

A Basse-Terre, l’architecte du ministère des Colonies, Ali-Georges Tur, fut chargé de reconstruire les bâtiments publics.
L’architecte possède un style original, à travers une formation marquée par l’écoule des Beaux-Arts et par de nombreuses références aux réalisations d’Auguste Perret.
Ses principales œuvres architecturales pour la ville de Basse-Terre, commandées suite au désastre de 1928, sont les Palais de Justice, du Conseil général, et d’Orléans.
Construisit en 1932 et classé Monument Historique en 1997, le Palais du Conseil général de Guadeloupe est réalisé en béton armé.
Préféré aux matériaux traditionnels, le béton est utilisé pour ses qualités de résistance, avec des structures poteaux-poutres aux hourdis d’agglomérés enduits au mortier de ciment.
De l’autre côté du boulevard du Gouverneur Félix Éboué, se dresse le Palais de Justice, érigé en 1935.
On accède au bâtiment par un emmarchement se terminant sur un patio semi-circulaire, d’où s’ouvrent deux ailes abritant les différents services.

La Mairie de Saint-Pierre, petit chef d’œuvre d’inspiration Art-Déco, érigée en 1934; est apparenté aux créations d’Ali Tur, en Guadeloupe. Elle est vraisemblablement l’œuvre de l’architecte Louis Caillat. Le plan de la mairie est proche de celui d’une église, la salle des délibérations ressemble à un chœur et le clocheton frontal s’élance comme une flèche vers les cieux. Le voile de béton audacieux de la toiture donne un dynamisme réussi à l’ensemble. Les jalousies en béton des façades apportent une double solution, la ventilation naturelle et l’éclairage. La mairie fait partie des joyaux modernistes des Antilles.

Principale réalisation en Martinique de l’architecte Marcel Salasc, la Maison des Syndicats fut livrée en 1948, au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Cet exceptionnel bâtiment organise l’ensemble des volumes autour d’un patio circulaire. Trois cylindres emboîtés composent la façade laissant apparaître une monumentale entrée donnant sur cinq sections. L’entrée s’ouvre par trois grands portails de bois sur un vaste hall conduisant à une imposante console art-déco.
Deux grande salles oblongues sont disposées de chaque côté de l’entrée. Rare en Martinique, le patio intérieur rafraîchi le bâtiment tout en mettant en scène un jardin bienvenu aux massifs tout en courbes. Une galerie circulaire enceint le patio créant un nouvel espace de transition. Restauré en 2004, le bâtiment a su sauvegarder son caractère.

L’immeuble de l’IEDOM (Institut d’Emission des Départements d’Outre-Mer) fut construit par les architectes Tessier et Creveaux, en 1960.
Le bâtiment est emblématique de l’influence de l’architecture corbuséenne mais réinterprétée par une meilleure adaptation aux conditions locales, par l’emploi systématique du brise-soleil.

les Bâtiments commerciaux

L’activité commerciale des îles est présente dès les premières années de la colonisation, son essor s’ s’affirme à la fin du XVIIème siècle mais établit considérablement au XVIIIème siècle.
Le commerce de marchandises, nous a légué de nombreux bâtiments, bureau de commerce, marchés, entrepôts; tous aux architectures empreints de l’histoire commerciale des Antilles.
Les constructions commerciale associent la pierre de taille et la maçonnerie au bois. Les immeubles sont généralement de deux ou trois étages. Le rez-de-chaussée est destiné au commerce tandis que les étages sont dévoués aux logement. Les entrepôts par lesquels transitent les marchandises, sont édifiés le long des rivages.

En Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, entre le quai Lefebvre et la rue Peynier, s’élève un des derniers entrepôts des quais. Construits au début de XXème siècle, il faisait partie du foncier de l’usine Darboussier. Le rez-de-chaussée est en maçonnerie, de briques et de pierres calcaire. L’étage, en bois est remarquable en raison du dessin d’un appareillage de pierre sur le bois, donnant à la façade une certaine noblesse. On observe également le rythme rigoureux des ouvertures et la finesse géométrique de la frise périphérique, gravée dans le bois sous la corniche. Un grand porche donnant sur la rue Peynier, donne à l’ensemble un superbe effet.

En Martinique à Saint-Pierre, la maison de la bourse était un ancien bureau de commerce; comme le mentionne le texte d’un arrêté du 17 juillet 1820. Elle fut bâti au XIXème siècle.
Il avait les mêmes attributions que les chambres de commerce. il reçut en 1895, le statut d’établissement public.
En forme de chalet, la construction carrée est flanquée de galeries qui l’entour au rez-de-chaussée. Une horloge, au fronton donne l’heure aux bateaux. Avant la catastrophe de 1902, le bâtiment abritait également le bureau du câble, qui reliait Saint-Pierre à la France métropolitaine ainsi qu’au continent américain.
Détruite par l’éruption de la montagne Pelée, la chambre de commerce resta longtemps à l’état de ruine, ne conservant que ses fondations avec ses escaliers d’accès.
Sur les bases de l’ancien bâtiment, l’artiste peintre, H.Charpentier, édifia une case en bois qui lui servie d’atelier.
En 1994, la case fut détruite pour donner place à la reconstruction de la chambre de commerce. Le bâtiment abrite aujourd’hui le bureau du patrimoine.

On ne peut parler de bâtiments commerciaux sans que ne soit pas représentés les marchés, hauts lieux de commerces et de vies des îles.

Le marché couvert de Pointe-à-Pitre, inauguré en 1874, est l’un des plus beau de Guadeloupe. Il est attribué à l’œuvre de l’architecte Charles Trouillé.

Fontaine Couturier - Fontaine du MarchéC’est un édifice remarquable, en raison de son architecture métallique alliant le fer à la fonte. Il a été classé à ce titre,monument historique en 1992. On pourrait classé cette halle dans celle qui se rapprochent le plus des parisiennes mais elle appartient à une nouvelle génération; généralisée dans les années 1870.
Le marché est formé d’une vaste halle métallique ouverte à l’extérieur dont la toiture, un ensemble des lattes en bois recouvert de tôles ondulées, repose sur six fermes triangulées et cintrées à la nervure inférieure, reliées par des tirants.
Les fermes reposent directement sur vingt colonnes creuses en fonte raccordées à la base au moyen d’évasement moulurés. Les colonnes servent à évacuer les eaux de pluies puisque la base des chapiteaux est reliée au système d’évacuation des eaux usée.
La décoration des chapiteaux est simple. Les fermes sont reliées par de grandes sablières en treillis.
Dans le lanterneau, sous la toiture, subsiste l’ancienne cloche qui rythmait la vie et avertissait la population des événements majeurs.
Le marché a subi une magnifique restauration en 2006, lui restituant les couleurs de sa charpente métallique et supprimant ces ignobles étals fixes en bétons implantés en 1950.

les Bâtiments religieux

Les ordres religieux ont occupé dès les premiers jours, une place importante dans la colonisation des îles. Jésuites, Capucins, Carmes et Dominicains ont contribué au développement des villes Guadeloupéennes et Martiniquaises mais ils ont également marqué considérablement la vie culturelles et économique des îles.

D’abord simples cases de fortune, palissadées de planches sur des fourches de bois enfoncées dans le sol, ouvertes d’un toit de paille. Les grands ouvrages de prestiges en pierre, furent élevés vers le milieu du XVIIème siècle mais ce n’est qu’à partir du XIXème siècle, que le bois cède la place à la pierre. Le bois n’a pas pour autant totalement disparu des églises; puisqu’il apparaît encore dans les magnifiques charpentes en carène. Souvent masquées par des lambris, elles témoignent d’un grand savoir faire hérité des charpentiers de marine.

Basse-Terre - Cathédrale Notre-Dame de Guadeloupe

En Guadeloupe, le développement du bourg de Basse-Terre (correspondant à l’actuel quartier du Carmel) en 1635, ne fut possible que grâce à la participation des Dominicains puis des Carmes. En 1682, le bourg comprenait quatre établissements religieux.
En 1673, les capucins installés au nord de la rivière aux Herbes, sont à l’origine du quartier de Saint-François.
Il ne reste aujourd’hui, que deux églises, celle des jésuites dédiée par les Carmes à Notre-Dame du Mont-Carmel et celle des capucins, devenue Cathédrale en 1850, puis basilique en 1877. Cette dernière,  la cathédrale Notre-Dame-de-Guadeloupe à l’architecture de style baroque «jésuite» arbore une façade réalisée en pierres de taille volcaniques et, est ornée de statues de Saint-Pierre, Saint-Paul et de la Vierge.

En Martinique, le bourg de Saint-Pierre connu un développement comparable à celui de Basse-Terre, grâce à la participation des ordres religieux.
La première église de Saint-Pierre date de 1678, elle fut fondée par les Jésuites et vouée à Saint-Pierre. Une vaste concession fut concédée aux Jésuites; limité au nord par la rivière, qui fut dès lors nommé « rivière des Pères ».
Les ravages du cyclone de 1891 furent le prétexte pour la rénover tout en gardant la référence baroque du bâtiment initial.
Aujourd’hui, elle laisse voir le chaos laissé par la nuée ardente en 1902.
Une deuxième paroisse fut érigée en 1684, à Saint-Pierre, par les Dominicains; située dans le quartier du Mouillage.
Elle fut détruite par un bombardement anglais en 1667 puis reconstruite en 1675. Agrandie de 1855 à 1856, les deux tours sont ajoutées trente ans plus tard. L’église du Mouillage fut promue Cathédrale, en 1853.
La Cathédrale fut détruite par la nuée ardente. Elle fut relevée à l’initiative de Victor Depaz, en 1923.
Elle intègre avec sobriété les vestiges encore visible, sur le premier niveau de la façade.

Un an après la fondation du bourg de Basse-Terre par les Dominicains, le père Breton qui créa la paroisse de Vieux-Habitants et dédia la maison de Dieu à Saint-Joseph. Cet édifice fut construit à l’époque, par des ouvriers bâtisseurs francs-maçons du Limousin.
L’emblème de la région des tailleurs de pierre est gravé sur les deux pilastres encadrant le porche. En 1703, les anglais incendie l’église. Elle fut reconstruite par les capucins sur le même emplacement.
Bâtisseur éclairé, le père Vincent, fit édifier une construction d’envergure avec des contreforts massifs, destinés à renforcer la maçonnerie de l’édifice. L’église revêt un aspect original, de fortification. Son porche est classé monument historique, depuis 1975.

La première église de Fort-de-France fut construite en bois, en 1671. Elle fut incendiée par les hollandais en 1674 puis reconstruite en 1686.
L’église fut totalement détruite par le tremblement de terre de 1839. L’église Saint-Louis devînt Cathédrale en 1851, à l’arrivée du premier Évêque, Mgr Le Herpeur. L’incendie de 1890, détruisit complètement l’édifice.
La reconstruction fut confiée à Henri Picq qui édifia la structure métallique de l’église actuelle, sur les fondations de l’ancienne église du XVIIème siècle. La construction s’étala de 1891 à 1895.
La charpente métallique allié au arc-boutants néogothique et la sobriété du décor extérieur, font de la Cathédrale, un des plus beau monument religieux de la fin du XIXème siècle.

L’église Saint-Etienne du Marin, en Martinique, construite en 1766, est un superbe église de style jésuite. C’est également l’une des plus belles églises de l’île. Sa façade est en pierre de taille et son beffroi est construit en bois d’Inde. Sa charpente révèle le savoir faire des charpentiers de marine. Son clocher séparé du corps du bâtiment, en fait une exception.

En Guadeloupe, la première église paroissiale de Pointe-à-Pitre date de 1775; elle fut détruite en 1794, lors de l’abolition de l’esclavage.
En 1807, la première pierre de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul fut posée. Détruite par un tremblement de terre en 1843, elle fut reconstruite entre 1847 et 1853 par l’architecte Alexandre Petit.
L’architecte Petit adopta pour la reconstruction, un principe novateur pour l’époque. Il choisit d’insérer dans la maçonnerie des murs un double pan de fer devant assurer la stabilité de l’édifice. La façade est d’origine malgré quelque modifications. Elle se signale par la monumentalité d’un double étagement de colonnes surmonté d’un fronton triangulaire.
L’église due fermer en 1867, car le bois de la nef était pourrie. L’architecte Voyer Trouillé proposa de remplacer la maçonnerie ancienne des voûtes par une structure métallique. Le montage de la charpente fut achevé en 1873.
Depuis la fin des années 80, une campagne de restauration est menée afin de restaurer la structure métallique.

Le XXème siècle, nous a légué aussi son lot d’églises remarquables, issues de l’architecture métallique, moderniste… .

En Martinique, le Sacré-Cœur de Balata est la réplique exacte au cinquième, de la Basilique Montmartre de Paris. Après l’éruption de la Montagne Pelée en 1902, et l’augmentation de la population qui s’ensuivit, Fort de France dû répondre à la demandes des fidèles.
En 1915, Monseigneur Lequien décida de faire construire une nouvelle église dans la banlieue de Fort de France. La construction fut confiée à l’architecte Français Wuifflef et Verrey. L’église du Sacré-Cœur se dresse sur le morne Savon au cœur de la végétation luxuriante de Balata.
De forme trapézoïdale, l’église mesure en moyenne 35 mètres de large pour environ 55 mètres de long, elle représente plus de 300m cube de béton armé et 50 tonnes d’acier.
Son campanile s’élève à 38 mètres et sa coupole est agrémentée de 16 vitraux. C’est l’une des premières constructions en béton armé de la Martinique, dont les travaux débutent en 1923 et s’achèvent en 1925 sous la direction du Père spiritain Bernard Arosteguy.

(Source : https://www.fortdefrance.fr)

L’église du Prêcheur (Martinique) est la pus ancienne construction moderniste de la Martinique. Elle a été réalisée par l’entreprise René Dantin, mais son architecte reste encore inconnu. L’environnement paisible concède à l’église énormément de charme. Les clochers élancés ont une allure néo-orientale dont la façade porte à son fronton, des claustras qui lui donne de faux airs de moucharabiehs. L’ordonnance de la grande nef est révélé par la structure apparente des poutres de béton. Le bâtiment sobre est animé par les ouvertures en rosace, aux couleurs primaires, situées au-dessus de l’autel.

Grotte Mariale de Massabielle

Autre édifice religieux du XXème siècle, l’église de Massabielle domine Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), depuis 1938.
Elle fut édifié sous la conduite du père Robin au lendemain du cyclone de 1928. L’église se caractérise par une façade néogothique et une nef lumineuse. Le locher haut de 35 mètres fut entièrement détruit par le cyclone Hugo en 1989. Il fut reconstruit en laissant apparaître la charpente métallique.

L’église du Sacré-Cœur à Pointe-à-Pitre est l’œuvre aboutie de l’architecte Isnard. En 1953, la crypte de la paroisse du Sacré-Cœur-de-Jésus est bénie et ouverte. Après quelques problèmes, le 5 Février 1967, le bâtiment est entièrement et définitivement ouvert au culte. Édifice singulier, très massif, dépourvu d’éléments de décor, cette église, contrairement aux deux autres de la ville, a la particularité de ne pas avoir de clocher.

Depuis 1953, le Carmel Notre-Dame de la Résurrection domine les Gorges du Gallion. Le monastère est une splendide construction en arcades, sertie dans son écrin de verdure; à l’initiative de Mgr Jean Gay, évêque de Guadeloupe et des quatre professes, qu’il fit venir du monastère de Cholet (France), Mère Jeanne de l’Enfant Jésus, Mère Anne de Jésus, Mère Marguerite-Marie du sacré-Cœur et Sœur Jeanne du Saint Esprit.

Les églises ont marqué les villes antillaises de par leurs architectures mais aussi de par leur incroyable pouvoir à se redresser. Un jour détruite, un autre reconstruite. De style et d’époques différentes, elles sont l’âme des Antilles.