Centenaire Joseph Zobel – Poème inédit
J’ai jusqu’à ce jour gardé pudiquement pour moi ce poème qui témoigne de l’affection et de l’intimité que nous partagions Joseph Zobel et moi. Je crois qu’il serait heureux que je le publie pour le centième anniversaire de sa naissance.
- José Le Moigne
Roland est mort
À José Le Moigne
Mon fils est mort
Je ne le vois plus
Je n’entends plus sa voix
Je pense à lui
et m’arrête de penser
pour retrouver sa voix et son visage
Ça me fait mal
J’en pleurerais encore
comme un enfant
qui pleure
on ne sait pas pourquoi
C’est dans mon cœur
que pleure
le mal
si fort que pas une larme
ne sort de mes yeux
J’étoufferais de ne pas ouvrir
la vanne
qui retiens les pleurs
qui me pèsent et ne coulent plus
J’ai mal
Pour empêcher
que ma poitrine ne rompe
qui me fait de plus en plus mal
dans ma chambre
j’ouvre la bouche
et me mets à crier
A crier
comme si
de mon cri
je me lapidais
Moi-même
De mon cri de douleur
Joseph Zobel
Générargues, 20 avril 2004