Nouvelle édition du Salon du Livre de Paris, 2015 est placée sous le signe « Do Brasil », on se rapproche de la caraïbe.

L’espace outre-mer est cette année en bonne place, au croisement des allées D, E, F. Les grands éditeurs, Ibis Rouge, Lafontaine, l’Harmattan, Jasor, Desnel sont au rendez-vous pour promouvoir la littérature antillaise.

Cette année, encore, de belles rencontres et énormément d’échanges culturels avec nos écrivains et poètes, plumes Antilaises.

Jeannine Jala-LafontaineSur l’espace alloué au comité du tourisme de la Martinique , Jeannine Jala-Lafontaine fidèle au poste, années après années, toujours souriante, nattée et  indémodablement créole, pour promouvoir la littérature pour enfants des Antilles. Cette année, Jala fait la promotion de son nouveau recueil « Le Diamant du Rocher », les enfants vont être émerveillés.

Geneviève LafontaineLa Martinique, terre fertile d’écrivains, nous a permis de rencontrer Geneviève Lafontaine, nouvelle plume qui présente son premier roman, « la vie Crisocal ». Une histoire d’amour qui se déroule entre le Carbet et Saint-Pierre, un roman sentimental qui peut paraître banal. Or, il n’en est rien. Par petites touches, l’air de ne pas s’appesantir sur tel ou tel petit événement de la vie d’Hortense et de sa famille, Geneviève Lafontaine parvient à construire un portrait de femme très attachant.
Le roman d’ « amour » est un créneau littéraire rarement exploité en Martinique, Geneviève Lafontaine, trace elle aussi son sillon dans les traces d’Ina Césaire, Marie-Magdeleine Carbet, Térez Léotin…

Bravo mesdam, literati sé lanmou é sé osi pou ti moun.

Au petit salon ouvert de l’espace Martinique, nous avons pu écouter et apprécier l’interview de Dominique Lancastre, par Patricia Mastail (chargée de mission Conseil régional de la Martinique). Originaire de la Guadeloupe, Dominique Lancastre a publié un « triptyque » sous la forme d’une chronique sociale de la Guadeloupe. En arrière-plan, les événements de mai 67 et l’éruption de la Soufrière. Cet écrivain voyageur est l’une des figures montantes de la littérature antillaise, il s’inscrit déjà comme une plume incontournable de la littérature antillaise.

Dominique Lancastre

Ses premiers romans  « La Véranda » et « Retour à la Grivelère » donne aux lecteurs l’occasion de s’approprier l’histoire, par l’utilisation de la narration à la première personne. Dans « Retour à la Grivelière », Dominique replonge ses lecteurs dans les événements de 1967, en confrontant son personnage à son passé. Flashbacks, souvenirs surgissant, d’un événement occulté. Il passe en revue des sujets assez marquants comme le ressenti des immigrants en hexagone, l’impact de la vie moderne dans les îles et il nous emmène progressivement là où il nous avait laissé dans « La Véranda ».  Son roman « *Une femme chambardée », prend place en 1976, lors de l’éruption de la Soufrière. A travers Helena,  le personnage principal, on pénètre au plus profond de la société guadeloupéenne; elle se révèle passionnante pour le lecteur, progressivement athée à cause des vicissitudes de la vie dans une société guadeloupéenne profondément catholique, une situation inconcevable.
Helena pose un regard intéressant sur la métropole, la rencontre avec sa sœur partie, il y a des années puis son départ brutal; autant d’événements qui font d’elle une femme chambardée, bousculée en permanence.
Mési misié Dominique, litérati antillès bizoin moun kon’w, mési anlo.

Suzanne DraciusLa littérature Antillaise ne se cache pas, elle se montre et s’écoute. Suzanne Dracius, telle une déesse es littérature, claque et lâche ses vers sensuels, profonds et posés. La tornade calazaza a embrasé des ses mots l’espace Martiniquais, charmant jeunes et vieux.
Suzanne sé fanm kreyol, sé fanm soley, sé mo doucè. Mési madam.

La voix de Jocelyn Régina a également fait vibrer la Martinique avec les mots de Césaire. Les yeux fermés, ont été transportés au delà des mers et des océans, les senteurs caraïbes submergeaient nos sens.

Jocelyn Régina
Mési Césaire, mési Jocelyn.

Jean-Benoit DesnelNous avons achevé, nos entretiens martiniquais avec Jean-Benoit Desnel, le D’Artagnan de la littérature Antillaise. Notre ami, nous a parlé de ses envies et de ses aspirations pour la littérature, de ses arcanes et ses petits arrangements, qui lui paraissent inappropriés sur les salons. Jean-Benoit affable et intarissable sur ses ouvrages, nous a venté « Anamnesis – revue littéraire N°1 – Contre l’obscurantisme – Hommage à Jean Jaurès »Suzanne Dracius et Catherine Trautmann, y signent chacune une contribution aux côtés d’Édouard de Lépine et Gilles Candar, un bel hommage à Jean Jaurès qui a laissé aux Antilles les premiers pas de la presse militante. Le thème de la revue Anamnésis N°1 est plus que jamais encré dans notre époque, puisqu’il permet de s’approprier l’héritage de Jaurès, laïcité, liberté, égalité et fraternité.

Autre espace, celui des rencontre Outre-mer, nouvelle entrevue littéraire.
Julienne SalvatNotre intérêt s’est porté sur Julienne Salvat, martiniquaise de naissance et réunionnaise par la vie, une dame simple et conviviale mais une écrivaine et une poétesse précise. Après une pluralité de recueils, un roman « La lettre d’Avignon », une nouvelle « Camille, récits d’hier et d’aujourd’hui « . Aujourd’hui, Julienne plonge ses lecteurs dans une lecture étonnante et d’une rare intensité, avec « Fleurs en terrain volcanique ».
« …Le passionnant dans tout ça, c’est que chaque individu de même que l’artiste demeure souverain dans ses choix, peut introduire sa part insolite, défoncer les barrières de la langue, ruer dans les brancards de vendettas dont il n’a cure, mettre à bas le lourd fardeau des interdits qu’on veut lui imposer. Il peut défier tout cela, il le doit. Bref, son autonomie singulière renforcera et l’équilibre du tout et la contrariété des parties. … »

Lemy Lemane CocoLes salon du Livre, est un rendez-vous littérature, et pour nous un rendez-vous annuel avec Lemy Lemane Coco,  notre ami et nouveau contributeur de l’Or des Îles. Lemy présente et dédicace une partie de ses œuvres, et notamment son roman historique « Grand-Café », paru en 2010 , qui a reçu le prix littéraire de Colmar la même année. Lémy Lémane Coco nous livre au travers ce roman, l’histoire de son ancêtre Anselme Coco devenu pirate.
Lemy ou ja sav, istwa sé racine an nou, sé kilti an nou, mési misié

Point d’orgue de cette première journée d’ouverture du Salon du Livre 2015, sur l’espace Outre-mer, la Table-ronde : Regards sur l’actualité de Joseph Zobel. Pour commémorer le centenaire de Joseph Zobel, Patricia Thiery, de Passions Partagées, en collaboration avec le dessinateur Roland Monpierre, ont permit au roman graphique « Diab’-là », adaptée du roman de Joseph Zobel, d’être édité et présenté en exclusivité pour ce salon 2015.
Le roman graphique reprend l’histoire de Diab’-là, un homme qui ne veut plus être exploité par les autres et décide de conquérir sa liberté par le travail de la terre. Il va réaliser ce projet avec Fidéline, une femme de caractère.
Cette adaptation est un vrai travail d’imagination originale, non sur l’histoire déjà posée mais sur les images. La couleur s’est effacée pour laisser la place au sépia, couleur soleil, couleur qui marque le temps passé, « antanlontan ». Roland Monpierre a su saisir les traits de caractère de Zobel mais également ceux du personnage, avec force et souplesse, son crayon a donné vie aux personnages dans un décor simple mais riche de naturel, issu de la terre, centre de toute chose dans Diab’-la.

Jenny Zobel
Mési anpil misié Monpierre, mési anpil osi Patricia pou avwè poté sé projé.

Nous refermons cet article, avec nos vives félicitations et nos remerciements aux organisateurs pour avoir cette année mis l’espace outre-mer au cœur des régions, mais aussi de l’avoir placé sur des axes de passage et non pas comme les années précédentes, relégué dans un coin, caché, loin des visiteurs. Un emplacement à maintenir.

PS : Nous avons eu le temps d’échanger quelques mots avec un jeune poète de Martinique, Olivier Ollon, présent pour la seconde année sur le salon, pour présenter son recueil de poésie « Sentiments insondables ». Un recueil tout en vers, simple et coloré, ou chaque mots courent su le papier pour charmer l’imaginaire.
Olivier, kimbé raid pa moli, la poesie sé an chimen raid.