Maison Zevallos

L’aspect théâtral et le décor immatériel des constructions antillaises naît de certains éléments architecturaux, qui ont, entre autre de leur aspect esthétique, un emploi pratique.

les ouvertures :

L’équilibre de la façade repose sur le rythme des ouvertures. Les portes, disposées à égale distance les unes des autres, sont accompagnées de deux volets. Des variantes régionales sont parfois observées comme en Grande-Terre, en Guadeloupe, où trois portes sont implantées sur un des grands côtés. En Martinique, les ouvertures ne sont pas d’une régularité systématique, comme elles le sont en Guadeloupe.

les Jalousies :

Fermeture de fenêtre, faite de petites tringles de bois croisées diagonalement, qui laissent des vides en losange, par lesquels on peut voir sans être aperçu. Les plus belles jalousies se font de panneaux d’ornements de sculpture évidés. Elles servent dans les églises aux jubés, tribunes et confessionnaux, dans les écoles ou salles publiques, aux écoutes et lanternes ”.
Ce système, moins coûteux que les persiennes, fut longtemps utilisé mais tend à disparaître en Martinique et en Guadeloupe.

la Galerie :

Le devant de la case est animé de la présence des êtres et égayé par le décor. La galerie est l’élément dominant de la représentation de l’architecture antillaise. Partie intégrante de la case et de son environnement, la galerie a un rôle social. Elle permet de saluer le passant et de converser, sans l’introduire dans l’intimité de la maison. Par sa situation de transition, elle accroît la richesse du volume et protège la façade des intempéries. Une rupture dans la pente du toit marque que la galerie est souvent ajoutée à une case plus simple dès qu’un accroissement des revenus permet d’embellir la case et de la rendre plus accueillante.
En Guadeloupe, pour subdiviser et animer l’espace, le rythme des poteaux s’inscrit sur un module de 3 mètres. Les volumes sont délimités par les poteaux et balustrades ; ceux-ci ne participant guère à la structure. Ils agrémentent la façade de lignes horizontales et surtout verticales qui accusent encore la légèreté de la case.
L’emploi des galeries crée de l’ombre et appelle l’air, provoquant ainsi une ventilation naturelle.

Musée Saint John Perse

les Lambrequins, fanfreluches et dentelles :

Lambrequins, fanfreluches et dentelles désignent diverses découpes de bois qui ornent façades et galeries, de même que l’intérieur de la case. Les premiers lambrequins furent confectionnés par les marins de la Compagnie des Indes.
La façade sur rue est toujours celle de l’accueil, celle que l’on orne. Du décor de la case elle même, aux lambrequins et fanfreluches de la galerie, s’ajoutent les plantes ornementales et les coquillages qui délimitent l’espace. Le décor exprime les liens qui unissent le propriétaire à son habitat. Il est souvent difficile d’attribuer une signification aux différents lambrequins et fanfreluches : le soleil, par exemple, symbole de prospérité. Certains modèles sont spécifiques d’une île ou d’une région (décors d’animaux à Marie-Galante, poissons et décors végétaux en Guadeloupe). D’autres, enfin, ne se rencontrent qu’une fois.
Les fanfreluches de la galerie dissimulent les goussets de sa structure. Elles doivent donc, au droit des poteaux, couvrir une surface plus importante. C’est pourquoi la forme habituelle de ce décor est une courbe, connue sous le nom d’arc antillais ; laquelle courbe se complique souvent d’arabesques plus ou moins figuratives en son centre et aux extrémités.
Les lambrequins, quand à eux, soulignent la toiture des cases, tout en réduisant le débit de l’eau qui provient de la toiture lors de fortes pluies, évitant ainsi que la pression de l’eau ne ravine la terre aux alentours.
Ces décorations ont également pour emploi d’aérer et de protéger du soleil. L’air qui circule à l’intérieur de la case est recueilli par les jalousies et les dentelles des ouvertures. Puis le caillebotis, qui termine les cloisons, permet l’aération des pièces, même avec un plafond.

La couleur :

On ne peut évoquer les Antilles sans songer à la vivacité des couleurs. Sur fond de bleu et de vert se mêlent les tons chauds des fleurs, des fruits et des terre volcaniques. Par exemple, vert amande assorti à du brun ou du rose. Les couleurs sont généralement assorties par deux ou trois et offrent des contrastes visuels intenses sur des éléments de petite dimension.
Le bois des planches et les essences, lorsqu’ils sont laissés naturels, deviennent d’un gris luisant en vieillissant.
La peinture protège le bois et les tôles de l’humidité mais elle participe également, avec les plantes ornementales, au décor.