Alain, nous sommes ravis de te retrouver quatre ans après notre première interview.

En quatre ans, tu as dû en vivre des aventures musicales, pourrais tu nous en faire part ?

Oui, nous avons notamment produit ETO, un artiste polynésien qui s’est fait remarquer à l’émission Nouvelle Star sur M6. Nous avons également produit AFA ZIK un auteur-compositeur-carreleur ( j’adore)…plus chanson française mais avec une sonorité bringue tahitienne. Actuellement, nous produisons Ce Bon Vieux Sam, un auteur compositeur inconnu exerçant en milieu rural…tout un programme…Ses chansons sont inspirées de sa nouvelle vie en Polynésie…Déjà sur toutes les plateformes digitales son 1er single Fafaru…où comment un français aborde le fameux plat tahitien nommé Fafaru qui est en fait du poisson « faisandé » dans de l’eau de mer…résultat , une odeur proche des égouts…

Produire de la musique à Tahiti est il une chose aisée ?

Ben non, c’est vraiment pas facile, il faut de l’argent.. , l’éloignement n’aide pas …, le fait que c’est aussi un petit marché et que les gens n’achètent plus, Ils préfèrent écouter sur les plateformes ou YouTube. Il y a aussi le fait que la Spacem pendant 20 ans n’a fait aucun calcul et versé aucun droits. Aujourd’hui, la SACEM Polynésie installée ici depuis un ans et demi, annonce que les droits de diffusion seront réduits (6 x moins) car Polynésie 1ere déclare plus qu’avant…. mais on s’en fout…la musique est un plaisir et doit le rester !!!

Avec ces 20 ans de vie au paradis, quel est ton regard sur la vie culturelle polynésienne ?

Que ce soit pour le chant, la danse, la peinture, la sculpture, la Polynésie est un vivier de créateurs et de talents. Tradition et modernité se côtoient sans soucis. Et c’est toujours agréable de découvrir encore et toujours ces fameux talents.

Que penses tu apporter comme touche à la Production tahitienne ?

J’espère avoir incité les artistes à plus de professionnalisme que ce soit dans le son, les arrangements, la production en générale.Quand je suis arrivé en 1999, le son était très moyen et quand j’ai sorti notre 1ère production avec Teiva Gerard…tout le monde a dit woauw….Maintenant, quand j’écoute les nouvelles productions des artistes du Fenua, ça m’arrive aussi de faire waouw…et ça , j’en suis super content.

Quels sont les freins à la diffusion de la musique Polynésienne en France ?

Sans doute n’y a-t-il pas eu encore un artiste d’envergure internationale…Nous sommes assez concentré sur notre petit monde, notre Fenua. La langue n’est certes pas un problème, car le tahitien chanté est très agréable, mais sans doute que cela ne touche pas le cœur des Français. La preuve, quand Eto à participer à la Nouvelle Star , c’est la chanson « Rossignol de mes Amours » qui l’ a fait connaître…pas ses propres chansons.

Alain, tu as produit un panel hétéroclite d’artistes à Tahiti, un Italien, une Norvégienne, un Guadeloupéen et bien évidemment des Polynésiens , Tahiti est elle « the place to be » pour la création ?

A ton avis ? demande à Gauguin !

Plus sérieusement, l’ambiance, les paysages, la vie au Fenua ça aide non ?

Oui, bien sûr. Les artistes bourgeonnent de créativité avec ce soleil, ces incroyables couleurs, ces paysages et aussi cette douceur de vivre polynésienne où le sourire est bien plus présent qu’en Europe. Du coup, cela attire les artistes du monde entier qui trouvent ici l’inspiration et aussi le temps de réaliser leur projet…il y a 20 ans, un producteur belge a débarqué à Moorea en jurant ne plus jamais faire de musique….tu parles ! Ce n’est pas possible de résister à tous ces talents !!!