Maison Zevallos

L’architecture Antillaise, Créole, est née et a évolué avec l’histoire, au fil des destructions cycloniques et des dommages sismiques, ne laissant un patrimoine antérieur au XIXe siècle, que très restreint.

Notre premier volet, vous présentera  une introduction à l’Architecture Créole, réalisée en collaboration avec Bernard Toulier (conservateur général du patrimoine, au Ministère de la Culture et de la Communication), en 2015.

L’architecture créole témoigne des nombreux métissages de la culture européenne, française et africaine avec les cultures locales.
On ne peut appréhender le style d’un bâtiment que par la perception et les sensations qu’il dégage. Tous les sens contribuent, il faut se rendre perméable aux lieux pour mieux aborder l’architecture.

Pour envisager une architecture, il faut apprendre à regarder, percevoir et comprendre.

Un bâtiment se lit dans un premier temps, de l’extérieur, par différents points.

  • L’orientation, l’inscription dans un site, la variation des angles, les éléments de liaison, la présence végétale et le type parcellaire sont autant de données à prendre en compte pour comprendre un bâtiment.
  • La volumétrie, les formes extérieures, les percements, les textures et charpentes jouent également de multiples rôles dans la perception architecturale.
  • Les proportions et les échelles auxquels sont soumis les bâtiments sont de même très important dans la vue que l’on peut tirer d’un édifice, tout comme les jeux d’ombres et de lumières.

Autre élément clef pour comprendre l’architecture d’un édifice, l’espace intérieur.

  • La distribution,
  • la circulation,
  • les espaces

Ce sont des conditions favorisant la perception de l’architecture intérieur d’un bâtiment.

Après la perception technique, un édifice architectural se lit par ses caractéristiques conceptuelles; selon trois séquences :

  • le soubassement,
  • la façade
  • le couvrement.

Dans certains bâtiments, l’une des trois séquences peut être minimale, voire absente.

Un bâtiment moderne peut-être constitué d’une enveloppe unique.

L’architecture est dépendante des techniques connues au moment de sa conception et de la mise en œuvre des matériaux.
Pour sa stabilité, l’édifice s’appuie sur la nature du sol, et pour sa solidité sur sa structure.
Les structures porteuses peuvent être pleines, en matériaux massifs (terre, briques, etc….) confortés par un liant (mortier) ou l’assemblage d’une ossature de poteaux et de poutres fermés par une enveloppe.

Les matériaux et la mise en œuvre ont su exploiter les ressources locales, bois, pierres … .
Les premiers colons se sont inspirés des techniques constructives de leurs cultures d’origine et locales, dans la conception des bâtiments et de leurs logements.

L’architecture coloniale – créole – est avant tout pratique. Elle s’adapte aux lieux et aux climats, selon des principes hygiéniques. Dans les zones tropicales, la construction se protège contre l’insalubrité et les épidémies, par des dispositifs d’isolation des éléments extérieurs et la recherche d’une ventilation naturelle. Le bâtiment s’isole du sol par des pilotis ou une surélévation renforcée par un vide sanitaire. Orienté selon les vents dominants, le bâtiments est édifié sur des plateaux ou des promontoires naturels. La configuration des constructions et la composition des façades créent un courant d’air permanent accentué par la disposition des pièces. Le rayonnement solaire est atténué par le vide d’air aménagé sous la couverture et la véranda protégeant les murs.

Avec l’ère industrielle, une profonde modification de l’art de bâtir permit l’adoption d’audacieuses formes architecturales provoquées par l’apparition de nouveau matériaux.

Au XIXème siècle, le fer et la fonte ont donné des bâtiments élancés, aériens et transparents.
Les expositions universelles ont joué un grand rôle dans l’expérimentation et la diffusion de l’architecture métallique.
Les prémices de l’architecture métallique aux Antilles, fut instillé par Alexandre Petit, architecte en charge de la reconstruction de Pointe-à-Pitre après les tremblement de terre de 1843.
En 1887, l’architecte Henry Picq révèle au travers de l’architecture métallique de la bibliothèque Schoelcher, l’une des ingéniosités de l’époque, « la climatisation naturelle ».

Au XXème siècle, le béton armé a accompagné de nouvelles formes architecturales, inventée par le courant moderne.
Lors de la reconstruction de la Guadeloupe, l’architecte du Ministre des colonies, Ali Tur opta pour une architecture en béton armé tout en respectant les facteurs climatiques. Le style rompt avec la tradition. Il a laissé son emprunte dans de nombreuses communes en édifiant des bâtiments publics qui ponctuent le paysage urbain guadeloupéen.

Palais de Justice de Pointe-à-Pitre

Dans la seconde moitié du XXème siècle, la fabrication du verre plat de grande dimension a permis de bâtir des édifices entièrement vitrés.
Aujourd’hui, le plastique offre des enveloppes de plus en plus légères, tel que les toiles PVC. Introduisant une architecture textile, éphémère dans un univers qui se doit être pérenne.

Désormais les techniques constructives les plus variées sont utilisées.

De nouveaux matériaux peuvent être conçus spécialement pour un bâtiment. mais de nouvelles contraintes apparaissent. l’industrie du bâtiment doit répondre à l’impératif du développement durable lié à la préservation des ressources naturelles.
L’architecture assure une fonction sociale défini par un « programme » qui est à l’origine de tout édifice.

L’édifice est identifié par sa fonction, civil, militaire, religieux ou commerciale.

Des types de bâtiments ont été aussi défini au cours du temps entraînant une distribution particulière des espaces pour répondre aux usages.

Toute architecture est implanté sur un site déjà occupé ou non.
Le bâtiment est en intime relation avec les données historiques et physiques du site, soit en intégration, soit en rupture.

Un bâtiment prend place au sein d’un tissus déjà doté d’une identité. Sa forme, le dessin de ses façades et les matériaux conduisent à son isolement, son intégration, sa fusion ou son opposition à l’ensemble.

L’architecture manifeste symboliquement par sa forme et ses matériaux, l’activité qu’elle abrite ou les valeurs qu’elle représente.
Elle s’inscrit dans des courants artistiques représentatifs de l’époque au cours de laquelle elle est élaborée.

L’histoire de l’architecture et l’histoire de l’art, nous aident à percevoir et identifier l’évolution des codes symboliques.

Tout bâtiment n’est pas architecture mais s’inscrit dans une dimension patrimoniale. L’architecture matérialise à la fois des fonctions et un destin collectif en constante évolution.

L’architecture, de nos jours, s’inscrit dans un système réglementaire et normatif qui préside à sa conception et sa réalisation. Elle est régie par un droit de la construction et de l’urbanisme, encadrant les constructions pour organiser les villes et le territoire.

Toute construction doit être soumise à autorisation, le permis de construire, délivré sur dossier. Par ailleurs, chaque commune est dotée d’un plan local d’urbanisme (PLU) définissant les règles d’occupation du territoire communal (densité, hauteur moyenne, forme, matériaux,…).

Dans les espaces protégés, l’accord de l’architecte des bâtiments de France est obligatoire pour être autorisé à construire.
Concernant les monuments historiques, classés ou inscrits, l’autorisation de la direction régionale des affaires culturelles est nécessaire.

L’architecture est néanmoins soumise à de nombreuses normes techniques, sanitaires et de sécurités garantissant la protection des personnes.