En Novembre 2013, Une cinquantaine d’artistes s’étaient réunis en Martinique pour « exprimer leur ras-le-bol » et trouver des solutions, avec en ligne de mire : l’opacité du système de diffusion, et le peu de place fait à leur musique.

« Les radios ne passent pas ce que les jeunes aiment. Les jeunes aiment ce qui passe dans les radios ! Nous en avons assez de ces pseudos commissions d’écoute, constituées d’une seule personne qui décide de ce qui passe ou pas. » Extrait de l’article de France-Antilles – Nov 2013.

Le problème soulevé en 2013, par quelques artistes en Martinique, évoquait déjà à l’époque, un problème plus général, sur l’opacité de la diffusion des œuvres en radio et sur les chaines TV.

L’Or des Iles a interviewé de nombreux artistes pour avoir leur vision sur le système de diffusion des œuvres en radios (régionales, nationales) et sur les chaines TV (musicales ou généralistes – Gratuites, payantes).

Les questions étaient :
Leurs systèmes (radios et Tv) de diffusion sont–ils opaques ?
Sentez–vous vos œuvres discriminées face à d’autres ?
Lors d’un refus avez-vous un motif ?
Quel recours avez-vous face à un refus ?
La diversité culturelle est-elle respectée ?….

Vos artistes répondent :

Tony ChasseurTony Chasseur

« Vaste débat qui agite encore la sphère artistique et ce depuis fort longtemps… »

Leurs systèmes de diffusion sont–ils opaques ?

« Évidemment… »

Sentez–vous vos œuvres discriminées face à d’autres ?

« Tout artiste qui a le sentiment de faire de son mieux, à qui son entourage (en toute empathie avec lui) dira qu’il est « au top » et qui ne s’entend pas assez dans les radios se définira comme « discriminé »… »

Lors d’un refus avez-vous un motif ?

« Non, ou alors les poncifs de « commercial ou pas », de « format ou pas », et sans l’avouer, d’âge…
Mais généralement, il n’y a aucune explication… »

Quel recours avez-vous face à un refus ?

« Aucun. A moi de trouver un moyen pour contourner cela et atteindre finalement mon public…
Et ne pas parler (ITW ou autres) à ces médias qui ne diffusent pas mes créations. Je n’existe pas pour eux, ils n’existent pas pour moi. »

La diversité culturelle est-elle respectée ?….

« Il faut arrêter de voir les radios leaders comme des outils culturels aujourd’hui, même la radio « d’état ». Ce sont des entreprises en recherches de profits, dont les paramètres de jugement et d’existence sont, par ordre décroissant : Régie Pub – Audimat – moyen de créer l’audimat (musique, animateurs, jeux).
Le fait qu’un seul individu soit apte à décider du passage ou non de votre création à l’antenne est certes un problème. Aux artistes de chercher et de trouver un moyen pour court-circuiter cet individu. C’est parfois difficile, mais pas impossible. Le fonctionnement même des radios (et ce, dans le monde entier), fais que l’émergence d’un hit qui traverse le temps est quasiment impossible. Ce sont de toutes façons des radios qui suivent les tendances, la plupart ne souhaitant pas être un « starter » (une radio qui lance et promeut un artiste, un titre, dès la sortie, sans attendre que d’autres le passe ou que le buzz soit fait). Hors bien sûr opération négociée entre la production de cet artiste et la radio. Donc encore une démarche de profit pour la radio, pas pour l’artiste.
Depuis plusieurs années, il n’y a que très peu de gros tubes qui traversent le temps. Les radios, qui diffusent un titre à fond pendant maximum un mois, sont dans une démarche dite « kleenex » qui nuit à la pérennité à longue échéance d’une chanson. Elles sont par contre les premières à parler de moins bonnes qualité de production et de création, quand les artistes eux parlent de choix de diffusions de ces radios qui nuisent à la qualité. La vérité est sûrement entre les deux.
Pour venir à mon cas, cela fait des années que je ne m’occupe pas des médias. Si on analyse bien, concernant les gros tubes mondiaux des dernières années, les médias n’ont fait que suivre un effet Web, donc un buzz qui a les a attiré. Les radios suivent donc, mais pas tous les styles malgré tout. Il y a aujourd’hui des artistes qui remplissent des salles sans aucun relai média. C’est vers cela qu’il faut s’orienter, plutôt que de rentrer dans des combats ponctuels et vains selon moi.
J’ai aujourd’hui 50 ans, et mon expérience actuelle le prouve, quelque soit ce que je proposerai, même le plus « au format », les radios dites « jeunes » ne me diffuseront pas. J’en ai pris mon parti. Cela ne m’empêche pas de me produire partout devant des salles combles.
Je dis par contre « bon courage » aux artistes qui arrivent, aux artistes de demain.
Sachant que, de mon côté, je serai toujours solidaire d’un créateur et ferai en sorte, à mon modeste niveau, de lui permettre de s’exprimer. »