Par bâtiments privés ou bâtiments à usage d’habitation, on entend, au sens général, une construction isolée ou séparée d’une autre par un mur mitoyen, habité ou habitable.

En Guadeloupe comme en Martinique, l’histoire et l’évolution des matériaux ont engendré d’une abondance de logements et de styles architecturaux différents.

le Carbet

La présence humaine est attestée dans les Petites Antilles depuis le second millénaire avant J C. (période précéramique).
Il ne reste pas de traces d’habitat visibles laissé par les précédentes civilisations, nous connaissons que celui des Callinagos, souvent décrit par les chroniqueurs de l’époque.

Le Père Ramond BRETON rapporte au sujet du Carbet :

« …Ils (les caraïbes) en font premièrement une grande commune à tous de soixante, quatre-vingts et cent pieds de long, plus ou moins qu’ils appellent KAREBET. Autour de cette grande, ils en font de petites pour chaque mesnage… « 

Le Carbet était l’abri central de la communauté amérindienne. Il était bâti en bois sans murs, d’une longueur de dix-huit, vingt-quatre voir quelque fois de trente mètres. Le bâti est adapté à la morphologie des habitants. Les amérindiennes ne dépassaient pas 1,60 m pour les hommes et 1,45 m pour les femmes, les hauteurs sous plancher dans le cas des carbets sous pilotis sont d’environ 1,75 m, permettant ainsi d’aménager des espaces de rangement accessibles; sachant que presque tout est suspendu. Les dimensions horizontales doivent leur origine à la taille des hamacs. Les pentes de la toiture sont peu accentuées.

Ses caractéristiques étaient l’abaissement de la température, due à la large surface d’ombre permettant de garder une partie de la fraîcheur nocturne (jusqu’à 7°C), la protection de la pluie, et le jeu du clair-obscur qui permettait de voir, tout en étant partiellement dissimulé.

Autour du Carbet étaient construis des « mouïnas« , petites cases rudimentaires, et les ajoupas représentant les espaces dédiés au repos des membres de la famille. Constituées de branchages tressés et de toits en palmes, ces premières cases ont la particularité de pouvoir être édifiées rapidement ce qui permet une reconstruction aisée après un cyclone. Conçues sans plancher, ni fondations, ces huttes amérindiennes n’ont laissé que peu de vestiges archéologiques dans la Caraïbe.

Le Père Breton en fait la description suivante :

« Les cases sont faites de fourches d’arbres, plantées en terre, jointes avec d’autres pièces de bois qui tiennent l’une à l’autre. Là-dessus, ils mettent des chevrons qui vont jusqu’à terre et couvrent le tout de feuilles de latanier ou de roseaux ».

En fait, il s’agit d’un toit à deux versants touchant le sol.
Certains chroniqueurs ont aussi signalé l’existence de « mouinas » ovales.

la Case

le Moule

Au cœur de l’habitat rural antillais se trouve la case. Elle s’inscrit dans un ensemble (case et dépendances) qui fait appel à une gestion de l’espace. Le mode d’habiter est intimement liée à son architecture et par là même aux rapports qu’entretient l’individu avec la société. Au cours de son évolution, la case a connu bon nombre d’aménagements, les caractères essentiels de cet habitat ont été préservés. Face à la transformation qu’a connu le paysage rural antillais depuis le milieu du XXe siècle, elle reste un héritage culturel caractéristique du langage architectural créole, patrimoine historique des anciennes sociétés coloniales qu’il convient de protéger.

A l’arrivée des premiers colons, en 1635, les cases existent déjà dans l’habitat caraïbe (Callinagos). Les descriptions générales montrent qu’elles sont organisées autour d’un bâtiment à usage commun de plus grande importance dans lequel se tiennent les assemblées.

Dans son essai de géographie humaine « LA VIE PAYSANNE A LA MARTINIQUE » le R. P. Delawarde parle des « mouïnas » caraïbes, petites cases près des carbets, abritant des vieillards, enfants et femmes.

« Ils (les caraïbes/Callinagos) sont séparés par familles et ces familles sont composées de plusieurs ménages qui demeurent ensemble et sont comme des hameaux sous le père de la famille ; les fils et filles duquel sont mariés et ont chacun leur case. Ils en font premièrement une grande commune à tous de soixante, quatre-vingts et cent pieds de long, plus ou moins qu’ils appellent KAREBET. Autour de cette grande, ils en font de petites pour chaque mesnage.
Ces cases sont faites de fourches d’arbres plantées en terre, jointes avec d’autres pièces de bois, qui tiennent de l’un à l’autre. Là-dessus ils mettent des chevrons qui vont jusqu’à terre et couvrent le tout de feuille de latanier ou de roseau. On n’y vois goutte qu’à la lueur du feu qu’ils y font ou par le trou par lequel ils entrent qui est hault de deux à trois coudées. Les femmes nettoient les cases et les garçons le karebet, et la place autour. Le jour les hommes y mangent et la nuit se retirent dans les petites cases pour se coucher « .

(De l’origine, religion et autres façons de faire des Caraïbes, appelés communément sauvages, anciens habitants de la Guadeloupe, par le Père Ramond BRETON, Edition « ANNALES DES ANTILLES, n° 11).

Et voici la description que donne le R. P. Du Tertre du Carbet, dans son « Histoire Générale des Antilles » :

« Au milieu de toutes ces Cases, ils en font une grande commune qu’ils appelent Carbet, lequel a toujours soixante ou quartre-vingts pieds de longueur et est composé de grandes fourches hautes de 18 ou 20 pilds, plantées en terre. Ils posent sur ces fourches un Latanier, ou un autre arbre fort droit qui sert de faist, sur lequel ils ajustent des chevrons qui viennent toucher la terre, et couvrent de roseaux ou de feuilles de Latanier ; de sorte qu’il fait fort obscur dans ces Carbets, car il n’y entre aucune clarté que par la porte, qui est si basse, qu’on n’y saurait entrer sans se courber. Les garçons ont le soin de le nettoyer et balayer, et mesme tout autour d’y celui ».

« Elles sont regroupées en quartier unique et disposées symétriquement en files séparées par des ruelles »

Dans les premières années de la colonisation, entre 1635 et 1650, chacun s’isole et défriche sa parcelle de terre, les bourgs et villages n’apparaissant que dans le dernier quart du XVIIe siècle sur le « retranchement aux 50 pas de seigneurie » réservé à cet effet par la compagnie des Iles d’Amérique. L’habitat adopte d’autres configurations, la case du colon diffère dans sa conception des « mouinas », mais en reste inspiré. Ils employaient pour la construction de leurs cases, des bois amers, résistants au climat et aux insectes. Tel que le bois marbré, bois de fer, le courrauça, le figuier d’Amérique, le palétuvier, le bois lézard, l’angelin, le balata, le bois rouge, l’épineux, le bois rose, le gommier blanc, l’acajou rouge, le palmiste, etc…

Une grande partie de ces bois ont disparu actuellement par une utilisation irrationnelle des forêts. Le problème semble d’ailleurs demeurer au même stade de nos jours.

Témoin de cette époque, le Père Jean-Baptiste Du Tertre rapporte que :

« Les cases des simples habitants ne sont encore palissadées que de roseaux, particulièrement aux endroits où on ne craint pas les incursions des « sauvages ». Ces logements n’ont que des salles basses, divisées en deux ou trois départements, dont l’un sert de salle, l’autre de salle à manger, et le troisième de garde-manger. Celles des plus pauvres sont couvertes de feuilles de canne de roseau, de latanier et de palmiste. La cuisine est toujours séparée de la case. Elle est composée d’un petit appentis qui a cinq ou six pas au-dessus du vent ».

Installée sur une élévation, la position de la maison permettait la surveillance aisée du domaine, ainsi que l’aération et l’assèchement du logis.
Avec le développement de la concession, le domaine s’enrichit de nouvelles installations d’exploitations, « la ménagerie » qui comporte : la case à manioc ou « gragerie », la case à tabac, l’indigoterie, les logis des torqueurs, des commandeurs et des esclaves.

Le Père Delawarde, en partant des textes anciens, décrit la case du petit colon dans les termes suivants :

« Libéré, l’engagé d’hier, en passe de devenir maître de case taillait dans un bois résistant à la pourriture et aux insectes, ses poteaux de case qu’il songeait parfois à garnir d’une semelle ; dans les endroits marécageux il trouvait des roseaux, il pouvait les ficher simplement en terre côte à côte et les relier transversalement par d’autres préalablement fendus en deux. Alors, si l’on n’ajoutait rien de plus, la lumière pénétrait dans la case comme dans la cage d’un oiseau, sans fenêtres.
Une épaisse couverture de feuilles en rendait le séjour plus agréable que celui des chaumières de France, au dire des anciens chroniqueurs. A la fin du siècle, le P. Labat signale le matériau idéal pour ce genre de construction : le palmiste, dont le tronc brûlé seulement à l’extrémité qu’on enfonce dans le sol, fournit les poteaux ; fendu en deux, il procure encore sablières, sol, faîtages et chevrons ; fendu en huit ou dix parties, il donne des lattes où l’on peut tailler les chevilles qui les fixent ; les feuilles reliées ensemble par leurs folioles tressées sont les tuiles végétales les plus résistantes puisqu’elles peuvent tenir le toit de 8 à 10 ans. La case comportait ordinairement trois pièces, une salle, une chambre et un garde-manger, ce dernier de, tradition européenne, a disparu plus tard. (nota Bertrand : on observe la même disposition dans les cases Callinagos (Caraïbes) décrites par le R. P. Du Tertre).
Son toit était bas afin d’offrir moins de prise aux coups de vent, elle apparaissait propre, quelquefois coquette, et sa légèreté, l’assemblage des cloisons au moyen de chevilles offraient l’avantage de la déménager aussi facilement crue le mobilier qu’elle abritait ».

(Les Défricheurs et les petits colons de la Martinique au XVIIe siècle, Père Delawarde).

Alignées le long des rues et groupées en villages, les cases des esclaves étaient situées non loin de la maison du maître et toujours sous le vent. Les portes qui étaient aux pignons répondaient sur deux rues, lorsque la maison servaient à deux familles. Les premières cases en « Gaulettes » étaient couvertes avec des têtes de canne, de roseaux ou des feuilles de lataniers. Les murs étaient fait d’un entrelacement de gaulettes (bois ti-baume) enduit à la main d’un torchis constitué d’un mélange de terre grasse mélangée à de la bouse de vache et de la paille de canne sur lequel on pose un lit de chaux extrait de coquillages.

Le Père du Tertre décrit la case de l’esclave, comme se présentant par groupes sur les habitations.

« Elles n’ont guère plus de neuf à dix pieds de longueur sur six de large et dix ou douze de haut ; elles sont composées de quatre fourches qui en font les quatre coins et de deux autres plus élevées qui appuient la couverture qui n’est que de roseaux, que la plus part font descendre jusqu’à un pied de terre. Ceux qui la tiennent plus hautes, la palissade avec de gros pieux qui se touchent les uns les autres, sans se servir de roseaux comme les François, qui sont bien aises d’avoir de l’air ; si bien que leurs Cases sont closes comme une boëte, de peur que le vent n’y entre ce qu’ils font avec beaucoup de raison, parce que n’y étant presque jamais que la nuit, comme ces nuits sont extrêmement froides, ils seraient trop incommodé du vent et que grand air, ainsi le jour n’y entre que par la porte qui est de cinq pieds de haut.
Tous les esclaves d’une même famille bâtissent leurs Cases en même lieu, en sorte néanmoins qu’ils laissent dix ou douze pas de distance. Quand ils sont beaucoup ils font ordinairement un cercle et ils laissent une place commune au milieu de toutes les Cases, qu’ils ont grand soin de tenir toujours fort nette ».

Après l’abolition de l’esclavage et le morcellement de la terre, les anciens esclaves accèdent à la propriété par l’occupation sans titre des mornes, par la donation du maître et par la cession de l’État pour une somme symbolique.
L’architecture de la case ne change guère mise à part, en fonction de l’augmentation des revenus.

En Guadeloupe comme en Martinique, la case en bois est construite dans la tradition des charpentiers de marine avec des dimensions de 3m x 5m. Les bois sont liés un système de chevilles, tenons et mortaise.

Devenue un bien propre, l’agrandissement se fait par adjonction de pièces autour de la case centrale et parfois d’une véranda, espace de fraîcheur et de convivialité. Le bois reste aussi très présent dans les menuiseries : les fenêtres à jalousies garantissent une bonne ventilation et l’intimité des occupants. Elles sont protégées par de solides volets en bois, efficaces en cas de cyclones.

La case martiniquaise de nos jours, à des dimensions d’environ 8m x 6m. La construction proprement dite commence avec un muret qui ceinture la maison, sauf aux ouvertures, il est destiné à en accroître la solidité.
Boulonné sur le muret, le cadre-sol en bois est destiné à accueillir la structure du toit composé de deux sablières et de cinq fermes.
Le toit est couvert par des feuilles de tôles et les murs sont en généralement en feuilles de fibro-ciment fixées entre les poteaux du cadre-sol.

La case guadeloupéenne, communément appelée « dé pyès-kaz » (deux pièces case) en créole, se présente comme un volume rectangulaire d’environ 6m x 3m, avec une charpente à deux pans.
Les parois de la case sont comprises entre le cadre-sol, en bas, et la sablière, en haut.
Les parois sont faites de planches cloutées sur l’ossature tandis que le toit incliné à 45° est coiffé, comme en Martinique, par des feuilles de tôle.
On peut encore trouver, sur la côte sous le vent (Basse-Terre), certaines maisons avec un petit galetas, cette double sablière, était destinée auparavant à entreposer le café.
Ce galetas était aéré par des ouvertures en pignon et sur la pente du toit. on note que certaines de ces maisons étaient parfois prolongées par un petit auvent, ce qui les protégeaient de la pluie.

En Martinique comme en Guadeloupe, les couleurs chatoyantes habillent chaque cases et reflètent la fantaisie de chaque artiste.
Les plantes ornementales contribuent également, à donner un aspect de décor. L’arrière de la maison est le lieu privilégié de la vie familiale, avec sa remise, son poulailler et son potager.

la Maison des villes

A la fin du XVIIème siècle, aux Antilles apparaissent les premiers bourgs, sur les côtes au point de mouillage des bateaux.
Leurs constructions reprennent les trois types architecturaux, la case, la Grand’Case et la maison de maître.
Au XVIIIème siècle, la ville de Saint-Pierre, en Martinique, présente un habitat caractéristique participant à sa renommée.

« bâtie en pierres de taille, avec des maisons à plusieurs étages garnies de balcons, de fenêtres à latte de bois, de chiens assis sur les toits de tuiles rouges, surmontant des murs peints en ocre jaune avec des volets gris bleu. C’était la plus jolie, la plus amusante des toutes les villes des Antilles. »

Lafcadio HEARN, fin du 19è siècle ».

Tirées au cordeau les rues de Fort-de-France et de Pointe à Pitre présentent tout au long de grandes maisons en bois à un ou deux étages.
Les catastrophes naturelles et domestiques (tremblements de terre, incendies…) en ont modifié leurs structures; encadré par des arrêtés municipaux. En exemple, suite au grand incendie qui a ravagea Fort de France en 1890, un arrêté municipal réglementa le type de construction dans l’enceinte de la ville. Les charpentes en fer sont préconisées, le rez de chaussée doit être construit en maçonnerie avec un ou deux étages en bois ou en maçonnerie.

Les bâtiments publics constituent des exemples très représentatifs de cette nouvelle architecture métallique : la bibliothèque Schoelcher et la Cathédrale.

La relative modestie des parcelles utilisables des centres-villes impose la construction en hauteur, toutefois limitée, à la fois par les moyens financiers et par l’état du sol.
Un couloir latéral mène à une cour intérieure, parfois plantée d’ arbres utilitaires, où se trouvent les annexes réservées aux activités domestiques: la cuisine, la buanderie, le débarras, et même parfois un poulailler.

Le rang social des propriétaires sont signés par les détails d’architecture des maisons : escaliers aux balustres de pierres ou de bois, façades ouvragées, fenêtres persiennes, cloisons intérieures surmontées d’impostes en bois aux motifs divers, délicates frisées de bois, balcons en fer forgé…

Les éléments de décoration rivalisent d’élégance de légèreté et de maîtrise dans le travail du bois. L’invention d’une machine à sculpter le bois est à l’origine de l’engouement des antillais pour les décorations en dentelle de bois.

C’est par leurs façades sur que les maisons créoles dialogues avec l’extérieur.

En Martinique, certains bourgs ont développé une architecture originale. On peut distinguer :

  • Le type Carbet, date du début du XXème siècle.
  • Les maison sont construites en enfilade le long de la route de Saint Pierre, elles abritent leurs vies côté mer et donnent dos à la rue.

Aujourd’hui cet alignement de cases ont été fraîchement ravalées ou restaurées. Aucuns automobilistes montant à Saint-Pierre, ne se doute de l’activité qui règne de l’autre côté.
Les maisonnettes ont conservé l’organisation d’autrefois, ouvertes sur une cour et un jardin.
La galerie ouverte sur la mer, est le lieu où l’on vit, où l’on reçoit et où l’on observe le voisinage et les mouvements de la plage. Le devant de maison, est également le lieu où sont réparés les filets et préparés les futures expéditions. Toujours synonyme de convivialité et d’entraide, issue d’un temps où les liens humains faisaient face aux problèmes. Dans un monde qui s’est individualisé, la case est devenu un mode d’habitat désuet mais elles perdurent et se multiplient.

Préserver, garder en vie sont les maîtres mots pour préservé un ensemble architectural comme celui du Carbet. Les nouveaux aménagements de la voirie, le long de la route de Saint Pierre, de grands réverbères en métal rouge, des bas-côtés en béton et des bites en fer, illustrent bien de quelle façon on peut abîmer un patrimoine architectural, tel que celui-ci.

  • Le type Rivière Salée est représenté généralement par des maisons en bois mitoyennes avec des étages et un auvents.
  • Le type Saint-Esprit est symbolisé par de grandes maisons en bois à un ou deux étages, dont la façade supporte un balcon en fer forgé et un auvent.
  • Le type Trois-Îlets est constitué d’alignement de maisons en bois de plein pied avec un toit à quatre pans recouvert de tuiles. Certaines façades latérales sont protégées par des bardeaux ou essentes de bois.

l’Habitation, la maison de maître

Distillerie LongueteauLes qualités de confort et de style propres aux Antilles sont réunis dans l’habitation.
Implantée généralement en sur-élévation, la maison du maître est conçue en bois ou maçonnerie, voir les deux pour certaines.
Certaines habitations ont connu de multiples reconstructions, dues aux aléas climatiques et sismiques ou aux agrandissements successifs. Ce qui engendre une coexistence de matériaux, appartenant à diverses phases de constructions.
Selon un recensement récent, les maisons de maître sont aujourd’hui, plus nombreuses en Martinique qu’en Guadeloupe.

Un partie des maisons de maître recensées en bois ne semblent dater, que de la seconde moitié du XIXe siècle ou du début du XXe siècle.
En revanche, certaines constructions en pierre ont été construites au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle ou du premier quart du XIXe siècle.
Les maisons avec galerie apparaissent dans les inventaires, à partir de la fin du XVIIIe siècle et deviennent au cours du XIXe siècle, l’élément le plus caractéristique de l’architecture créole.
Vers la fin du XVIIIe siècle, quelques actes évoquent des maisons à deux niveaux, dites « hautes-et-basses« .

Les témoignages des chroniqueurs, les actes des archives notariales et les exemples conservés, décrivent les habitations, de forme rectangulaires, en rez de chaussée, présentant trois pièces en enfilades dont une grande salle; ceinturées de deux galeries. Dont l’une couverte pouvait abriter la cuisine et la réserve.
Les pièces sont spacieuses, hautes de plafond, où les meubles de style colonial, en bois massif y trouvaient leur place.

Vieux-Habitants-la Grivelière 2006Pour les maisons  » hautes-et-basses « , un escalier en bois menait à l’étage; où étaient installées les chambres.
Les caillebotis et l’orientation permettaient à l’air de circuler dans les couloirs, permettant aux habitations de rester toujours fraîches.
Les charpentes sont en bois du pays (poirier, abricotier, acoma) et les palissades en bois importé (bois du nord).

L’habitation n’est pas seulement un type de maison, mais une véritable unité agricole, menée par un propriétaire avec une main-d’œuvre.
Elle fut la base de la colonisation des îles.

La prospérité de ces habitations dépendait toute la vie et l’organisation des îles.

Comme nous le rappelle le père Labat dans sa description ci-dessus. L’habitation comporte tout comme la concession des défricheurs :

  • le bâtiment principal, servant de logement,
  • les bâtiments de production : distillerie, sucrerie, indigoterie, gragerie de manioc, hangars à pétun, moulins à bœufs, etc…
  • les bâtiments de logement du personnel : torqueurs, commandeurs et « la rue cases-nègres » ou les cases des esclaves.

L’Habitation Clément est une très belle illustration de ces très belle demeure créole. Classée monument historique en 1996, l’habitation offre l’occasion unique de s’immerger dans le mode de vie des planteurs du XIXème siècle et de découvrir l’architecture et le mobilier créole d’époque.
La maison principale de l’Habitation s’organise autour d’un noyau central, le salon central, construit dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Pour atteindre son état actuel, la maison a bénéficié de plusieurs agrandissements et modifications, en 1842, puis en 1887.
Les galeries et l’étage se sont ajoutaient progressivement, au gré des fortunes et de la taille des familles propriétaires.
La ventilation naturelle est l’une des techniques connues à l’époque, pour rendre la vie plus facile dans les régions tropicales. Cette astuce fut adaptée par les différents bâtisseurs qui ont contribué à l’aménagement de la maison.
La circulation de l’air s’effectue par les galeries latérales, percées de nombreuses fenêtres à jalousie, assurant un courant d’air constant à l’intérieur du bâtiment. Les pièces du rez-de-chaussée sont largement ouvertes les unes sur les autres et ne comportent aucune porte qui pourrait gêner le bon écoulement des Alizés.
Déjà protégée par les arbres du parc, des ardeurs du soleil, l’habitation est protégée de l’humidité par une surélévation en terrasse et des façades en petits panneaux de bois tropicaux imputrescibles.
La façade avant s’ouvre sur une terrasse ombragée abritée des vents dominants et du bruit de la distillerie, sur une cour autour de laquelle s’ordonnent les dépendances.
A l’écart de la maison principale, la cuisine abritait outre ses affectations culinaires, le logement de certains domestiques dont la cuisinière, ainsi que la chambre à repasser. A l’arrière de la cuisine était construite la case à farine.
Les murs en bois du bâtiment sont posés sur un soubassement en maçonnerie, coiffé par une toiture à charpente de bois recouverte de fine tuile
L’écurie des chevaux utilisés par le propriétaire et sa famille pour se déplacer avant la généralisation de l’automobile.
Le bâtiment est construit en matériaux traditionnels : maçonnerie en briques de terre cuite pour le soubassement, et caniveau en pierre volcanique du François au sol. La charpente est chevillée à tenons et mortaises en bois de courbaril et de pichepin. La séparation des stalles est réalisée en ti-baume.
L’habitation fut habitée par la famille Clément, entre 1887 et 1986. Depuis 1988, elle est ouverte au public afin de faire découvrir l’architecture et l’art de vivre créole.
Depuis la fin des années 1980, la maison a fait l’objet de trois campagnes de restauration. La plus importante des restaurations qui s’est déroulée de 2002 à 2003, a permis de mieux connaître l’histoire de la construction du XVIIIème siècle, grâce à l’étude des fondations et de la structure en bois mis à nu et de découvrir des éléments de décoration anciens qui ont été restitués.

la Maison moderne

Le XIXème siècle, l’acier apporte aux maisons un style qui lui est propre.
Les conditions climatiques, les cyclones, mais également les tremblements de terre, ont joué un rôle considérable dans l’évolution de l’architecture antillaise, donnant davantage d’importance à l’acier.
Le travail du fer, notamment le fer forgé, s’est perpétué au fil des années et de nombreuses habitations aujourd’hui portent l’empreinte de réalisations somptueuses en fer.
L’acier, dans son rôle protecteur, a connu de nombreuses utilisations en Martinique comme en Guadeloupe.

Maison Zevallos

La maison Zévalos construite en 1877, située entre Le Moule et Saint-François, en Guadeloupe; est une superbe maison coloniale typique de l’architecture industrielle du XIXème siècle. La maison est classée monument historique.

L’élégance de cette superbe bâtisse créole repose sur la délicatesse de ses composantes métalliques: marquise à lambrequins, fanfreluches, galerie superposées soutenues par de graciles potelets et bordées de fines balustrades.

La maison témoigne du passé de l’une des plus importantes exploitations sucrières de l’île, un passé lié à la révolution industrielle qui a marqué son architecture de même qu’elle a marqué l’architecture de la maison qui abrite le musée Saint-John Perse à Pointe à Pitre.

Le premier quart du XXème siècle, marque l’arrivée de nouveaux matériaux, comme le béton-armé mais également une nouvelle architecture d’abord moderniste, puis moderne.
Le béton règne en maître aux Antilles, dans des constructions à l’architecture verticale, aux formes géométriques simples et aux toits en terrasses.

Construite en 1948, à Bellefontaine, en Martinique, le Torgiléo, est un chef d’œuvre de la période moderniste de l’ingénieur des Arts et Métiers, Victor Dubois. Cette résidence secondaire est un rêve complet, sa coque est bâti avec une armature de bambou noyée dans le béton. Les détails de cet étrange paquebot ont été soignés avec précision, verres biseautés dans les hublots, rambardes de béton traitées comme des bastingages, ferronneries naïves.
Le Torgiléo n’est pas le seul bâtiment-paquebot, une autre maison-bateau est visible dans la baie des Saintes, en Guadeloupe.

Les années 90, témoignent la redécouverte de la beauté et des avantages de la maison créole.
Architectes et artisans s’attellent à réhabiliter l’architecture antillaise en la modernisant.
La maison créole moderne naît des éléments puisés dans l’architecture traditionnelle et des éléments issus des technologies modernes en prenant en compte les agréments et les contraintes du climat.

Mais le système du crédit à la construction applique dans les climats chauds, les normes des maisons à climat froid. Ce qui se traduit par des pièces de 3/3 m., manquant de terrasses et de petites ouvertures.
L’aération demeure l’exigence principale, laquelle, comme conséquence impose l’étude des ouvertures. Le remplacement des jalousies par des fenêtres vitrées ne permet plus les mouvements d’air, la ventilation naturelle typique de l’habitat tropical.

A l’exposition universelle de Montréal en 1967, un type d’habitat fut exposé qui pourrait être une nette amélioration de la construction en série et à bon marché.
Il s’agit de placer les appartements à la manière des couches d’une colline, le toit d’un appartement servant de jardin et terrasse à celui de l’étage supérieur. Outre les besoins d’un confort spécifique, les urbanistes et les architectes qui construisent dans ces îles ont de vastes problèmes à résoudre comme l’arasement des vieux quartiers, adduction d’eau, assèchement et affermissement des sols, etc…

Depuis quelques années le plus vaste programme d’urbanisation et logements en série des Antilles françaises, est réalisé par la ville de Pointe à Pitre. La capitale économique de Guadeloupe constitue un excellent champ d’expérience. En partant des dossiers de la ville, il apparaît qu’une amélioration peut être réalisée tant dans le style que dans les normes de financement d’un logement tropical spécifique. Ce qui permettra par la suite d’ériger en Guadeloupe comme en Martinique, un habitat aussi agréable que le fût celui du passé.