Suzanne DraciusSuzanne Dracius est née en pleine saison cyclonique, le 21 août 1951 à midi, heure où le  soleil est au zénith, aux Terres-Sainville — pas à la Maternité, non, dans la maison familiale — « à la rue Amédée Knight, au numéro 3, des mains d’un parrain défaillant pour cause de sexe inadéquat, pour ne pas dire maudit », éléments où elle voit « un lot de symboles », écrivaine martiniquaise, donc, ou écrivain martiniquais si l’on préfère, ou écrivain tout court, car « l’écriture n’a pas de patrie ni de genre », Suzanne Dracius a passé son enfance d’abord dans son île volcanique puis en Île-de-France, entrant à l’école à deux ans « à la rue Perrinon » à Fort-de-France car elle réclamait d’apprendre à lire de toute urgence — activité qui lui paraissait « magique comme quimbois et vaudou » — et ensuite, à quatre ans, à l’école Sainte Jeanne d’Arc à Sceaux, cultivant sa « féminitude » de calazaza « contre vents et marées du racisme, du sexisme et autres ostracismes », préférant « les isthmes aux -ismes et les passerelles aux murs ».

Mes souvenirs d’enfance se muèrent en souvenirs d’En France

Suzanne Dracius

Professeure de Lettres Classiques (français, latin, grec) à l’issue de ses études au lycée Marie-Curie et à la Sorbonne – Paris IV, et titulaire d’un DEA de Langue et Culture créoles, Suzanne Dracius a enseigné d’abord en banlieue, puis à Paris, et enfin, de retour au pays natal, à l’Université Antilles-Guyane et aux USA à l’University of Georgia (1995) et à Ohio University (2006) en tant que visiting professor.

Ses périodes d’enseignement aux États-Unis et ses écrits lui vaudront d’être nommée, en 2003, Membre Honoraire de l’AATF (American Association of Teachers of French, association américaine des professeurs de français), seul écrivain martiniquais à avoir reçu cette distinction, après Aimé Césaire en 1976 ; en 2004, Suzanne fut désignée Membre Honoraire de la Foreign Language Honor Society de l’Ohio University, U.S.A.

Suzanne Dracius a la plume rare dans tous les sens du terme, généreuse sans être prolifique ; donnant dans le qualitatif plutôt que dans le quantitatif, étudiée, éditée et traduite en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Afrique, elle est l’auteur de romans et de nouvelles : L’Autre qui danse, finaliste du Prix du Premier Roman (Seghers, 1989, réédité en poche aux éditions du Rocher en 2007), « De sueur, de sucre et de sang » (éd. Le Serpent à plumes, 1992), Rue Monte au ciel (Desnel, 2003, Coup de Cœur FNAC), d’un « fabulodrame », Lumina Sophie dite Surprise, Médaille d’Honneur de Schœlcher pour la Journée de la Femme (Desnel, n°2 des ventes à la Librairie Antillaise à sa sortie en 2005, chose suffisamment exceptionnelle pour être signalée, s’agissant de théâtre) et de poèmes (Exquise déréliction métisse, Prix Fetkann, Desnel, 2008, et Déictique féminitude insulaire, éd. Idem, 2014), elle est la coordinatrice d’anthologies d’inédits, dont Hurricane, cris d’Insulaires (Prix Fètkann Mémoire du Sud/mémoire de l’humanité, Desnel, 2005), Prosopopées urbaines (comportant un entretien avec Aimé Césaire qui fait cette dédicace à sa mère : « À Elmire Dracius que la Martinique remercie entre autres choses d’avoir mis au jour la poésie, la vraie : Suzanne ! Merci ! »), et Pour Haïti, réunissant 130 auteurs du monde entier après le séisme de 2010.

Signe de la reconnaissance et de l’importance de ses œuvres, en 2009, les textes de Suzanne ont été analysés dans Métissages et marronnages dans l’œuvre de Suzanne Dracius, ouvrage collectif d’universitaires, coordonné par Y. A. Helm, publié aux éditions L’Harmattan.

Incontestablement l’une des voix féminines les plus importantes des Antilles

Pr Jean-Pierre Piriou, French Review, USA

En 2010, Suzanne Dracius fut récompensée du Prix de la Société des Poètes Français pour l’ensemble de son œuvre.

Également auteure de deux ouvrages jeunesse (les Fables de La Fontaine avec adaptations créoles et sources, et Mon petit livre de Londres), la « mulâtresse calazaza gréco-latine » est une artiste épanouie dans cette « culture multiforme », colorée de l’enfance martiniquaise et de « l’En France » parisien. Au gré de son inspiration, elle aime adopter des styles littéraires différents : poésie, roman, nouvelle, théâtre, chevauchant allègrement le français et le créole.

Avec l’aimable collaboration de Suzanne Dracius

Bibliographie

« L’Autre qui danse »,
Ed Seghers, 1989.
Ed Le Serpent à Plumes, 2007.

« De sueur, de sucre et de sang »,
Ed Le Serpent à Plumes 15, 1992 & 1995.

« La Virago »,
Diversité; la nouvelle francophone à travers le monde,
Sous la direction de Valérie Budig-Markin et James Gaasch.
Ed Houghton Mifflin, 1995.

« La Montagne de feu »,
Diversité; la nouvelle francophone à travers le monde,
Sous la direction de Valérie Budig-Markin et James Gaasch
Ed Houghton Mifflin, 2000.

« Rue Monte au Ciel »,
recueil de nouvelles,
Ed Desnel, 2003.

« Nègzagonal » et « Moun le Sid »,
Poèmes en créole avec traduction française,
Ed MicRomania 3 (1992) et 5 (1993)

« Hurricane, cris d’insulaires »,
Poèmes « Aux horizons du Sud », « De rue d’Enfer à la rue Monte au Ciel » et « Urgentes turbulences »
Ed Desnel, 2005.

« Lumina Sophie dite Surprise »,
Fabulodrame historique,
Héroïque fantaisie,
Première représentation à la Préfecture de Fort-de-France lors de la Marche Mondiale pour la Femme, le 17 octobre 2000.
Ed Desnel, 2005.

« Prosopopées suburbaines » et « Anamnésie propitiatoire ».
Prosopopées urbaines, Anthologie poétique d’inédits,
Coordonnée par Suzanne Dracius,
Ed Desnel, 2006.

« Exquise déréliction métisse »
Recueil de poèmes aux délices multiples.
Sélection du Prix Fetkann !
Ed Desnel, 2008.

« Yé krik ! yé krak ! Bouladjel »
Contes et légendes autour de la mort et des rites funéraires aux Antilles antan lontan
Collection jeunesse dirigée par Suzanne Dracius
Ed. Desnel, Novembre 2008.

« Guadeloupe & Martinique en grève générale
contre l’exploitation outrancière et contre la vie chère »
Liyannaj Kont Pwofitasyon,
Les 120 propositions du LKP suivies de textes inédits de Suzanne Dracius, Ernest Pépin, Patrick Mathelié-Guinlet, Hector Poullet …
Ed Desnel, 2009.

« La crise de l’outre-mer Français Guadeloupe Martinique Réunion »,
Écris en collaboration avec Jean-François SAMLONG et Gérard THÉOBALD
Ed L’Harmattan, 2009