L’allocution du Premier Ministre lors de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, se déroulant dans les jardin du Luxembourg.
Cette année nous avons pu noter l’absence du Président de la République, retenu officiellement en Allemagne pour recevoir le prix Charlemagne, une absence qui toutefois n’a laissé d’aucuns indifférents à commencer par l’ancienne garde des sceaux, Christiane Taubira, dont la loi reconnaissant de la traite négrière et de l’esclavage atlantique en tant que crime contre l’humanité qui porte son nom, s’en est émue au micro des journalistes.
Nous avons eu droit à un discours très « énarchique » du Premier Ministre, louangeant son action à propos du travail de mémoire entrepris par la ville dont il fut le maire (Le Havre), une mémoire physique détruite lors des bombardements alliés de la seconde guerre mondiale qu’il a entrepris de restaurer.
Les échanges entre-nous portaient sur cette guéguerre des dates commémoratives et notre incapacité à nous unir, chacun voulant tirer la couverture à soi, d’où cette guerre picrocholine remontant à l’époque où Jacques Chirac, Président de la République d’alors avait créé un comité pour définir une journée commémorative.
Autrement, pu discuter avec des personnes s’occupant des questions de mémoire et mesuré leur méconnaissance du sujet, notamment ceux et celles à qui j’expliquai que lors de la première colonisation des Antilles qu’il n’y avait pas de distanciation sociale et physique entre le maître et l’esclave, que les esclaves portaient des armes, il était à ce moment considéré comme un compagnon avec lequel on devait vivre dans un milieu hostile et en guerre, car les Caraïbes ne se laissaient pas dépouiller de leurs îles sans se battre.
Il m’ a été rétorqué que les premiers esclaves aux Antilles étaient des blancs, je n’ai pas éclaté de rire, car j’étais en état de sidération, impossible de faire entendre raison à ces gens qui vous répondent que le sujet est complexe.
Ils faisaient référence aux engagés dits les « 36 mois », dont le gouverneur de Blénac à travers une lettre du (19 novembre 1680) alerte Colbert sur le triste sort que les Habitants font subir à ces gens qui selon lui sont traités pire que les esclaves et demande la fin de ce système d’engagisme.
La thèse de Lucien Peytraud est consacrée en partie à ces engagés, pour « décomplexifier » ce thème et comprendre que les blancs n’étaient pas des esclaves aux Antilles Françaises, mais des engagés volontaires, qui à la fin de leur contrat se voyaient attribuer des lopins de terres, certes les Habitants leur menaient la vie dure, beaucoup trépassaient, la majorité mourrait sous la charge de travail, mais ce n’était des esclaves.
Je les invite à lire le livre de Lucien Peytraud.

Il y a bien eu des esclaves blancs aux Antilles mais à la Barbade, Antigua, etc., Oliver Cromwell fait déporter des Irlandais, Écossais, des chrétiens, mais ce sont les Anglais qui se livrent à cette traite et à l’esclavage de blancs dans leurs possessions américaines, pas les Français.

Face à ces « révisionnistes et ignarrogants  » je me dis que je devrai pondre quelques mémoires et compilations sur l’esclavage des Noirs aux Antilles françaises au 17e siècle, voire depuis le 15e.
Je me tâte, on verra si l’envie d’écrire me taraude, autrement je partagerai des notes sur ce sujet sur mon mur et sur la page du CMCOM, au moins ceux et celles qui me suivent auront une meilleure connaissance de cette période et des relations entre les différents groupes humains en conflit, et se montreront moins réceptifs à la propagande ou idéologie qui vise à ré-humaniser l’esclave des nègres pour entraver et amoindrir la portée des réparations.

Zephyrin Evariste

A propos des sources, et la présence des esclaves lors du début de la colonisation des Antilles au XVII e siècle, sachant que : »Les premiers esclaves noirs sont introduits à Hispaniola dès 1493 dans le sillage des voyages de Christophe Colomb [ Mervyn RATEKIN, « The early sugar industry in Española »,…, en même temps que les premiers plants de canne ramenés des Canaries ou de Madère.

https://www.jstor.org/stable/2509696
Pour ce nous concernant en omettant les grandes Antilles et la période de la flibusterie et de la piraterie, quelques sources concernant le début de la colonisation des petites Antilles, notamment par les Français au 17 e siècle.
Histoire générale des isles de S. Christophe, de la Guadeloupe, de la Martinique, et autres dans l’Amérique (1654) RP Jean Baptiste Dutertre
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9801488s
L’ouvrage de Charles de Rochefort paru en 1658, à la page 55 p2 il est décrit le quartier des esclaves.
Histoire naturelle et morale des iles Antilles de l’Amérique
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74105c/f55.image
Pour les guerres caraïbes où maîtres et esclaves combattent côte à côte.
Histoire générale des Antilles habitées par les François
T1 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1140206
T2 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k114021k
T3 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k114022z
T4 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1140206
Et l’excellent ouvrage du Révérend Père : »J.-B. Delawarde. Les Défricheurs et les petits colons de la Martinique au XVIIe siècle.
https://mediatheques.collectivitedemartinique.mq/…/SY…/191631
Cette bibliographie n’est pas exhaustive…
Bonne lecture !