Ce samedi 16 décembre 2017, la ville de Grigny (Essonne) organisait son Chanté Nwèl, un des moments festifs du calendrier noélistique antillais, une date importante des festivités de fin d’année pour la communauté antillaise installée en France, renouant ainsi à Noël avec l’esprit de fête qui règne aux Antilles françaises.

La saison des chanté nwel débute initialement le premier dimanche après le 11 novembre et courant jusqu’à Noël, se terminant après la naissance de Jésus ; Toutefois en Martinique, d’aucuns commencent à organiser leur Chanté Nwel, dès le 3 novembre, ne laissant la période des morts se terminer.

La tradition du Chanté Nwel s’est exportée sur les lieux de vie de la diaspora antillaise, initialement en Martinique et en Guadeloupe le Chanté Nwel consiste en un rassemblement familial ou amical dans un espace fermé où les convives chantent des cantiques, qui au fil du temps se sont adaptés à la mentalité créole (un mélange de chansons profanes et sacrées, entrecoupés d’improvisations en créole, le tout sur des rythmes de biguine, de gwo ka, de bélé, et autres), et de personnes qui se partagent des mets et des boissons propres à la saison « noèlesque » : du jambon de Noël, des petits pâtés de cochon, du boudin de porc, du shrub, du punch coco, de l’alexandra, des punchs et des boissons à base de groseille-pays (Hibiscus sabdariffa) – ça chante, ça danse, le tout dans une bonne humeur contagieuse.


Ces chanté nwel, jouissent aux Antilles françaises d’un fort succès populaire, attirant toujours plus de monde lors des rassemblements tant sous les chapiteaux, dans les marchés que dans les « discothèques », quoique évoluant dans sa forme, afin de s’adapter à notre société consumériste et capitaliste, quittant la sphère familiale pour investir tous les pans de la société antillaise, celle des entreprises, des administrations, des écoles qui organisent leur Chanté Nwel de fin d’année.

La diaspora antillaise s’attache elle aussi à faire vivre le chanté nwel en dehors de ses frontières naturelles, invitant les populations occidentales à se joindre à leur fête.

Le Chanté Nwel une histoire qui remonte…

Le Chanté Nwel prend son origine dans cet impératif du temps de l’esclavages aux Antilles françaises (XVII e) où le Code Noir faisait obligation aux « maîtres » que leurs esclaves soient baptisés et instruits dans la religion catholique, une imposition religieuse sur des allochtones, contraints de renier leurs croyances ancestrales pour adopter le culte et le dieu de leurs bourreaux, s’est mué au cours du temps, pour devenir une tradition acceptée et revendiquée par les descendants de ces personnes jadis esclavées.

Aujourd’hui, le Chanté Nwel se diffuse en dehors de son berceau initial et s’installe sur d’autres continents, notamment en France, plus encore en région parisienne où une communauté de 600 000 antillais ou d’origine antillaise prend assise.

La déclinaison grignoise du chanté nwel


Le Chanté Nwel de Grigny, une initiative portée par la municipalité à travers son maire : Philippe Rio, les conseillers municipaux Martial Giamète, Philippe Louison et quelques autres, ainsi qu’un collectif d’associations, qui s’associent depuis cinq ans pour donner corps à cette manifestation, se déroulant à la Halle sportive et culturelle Jean-Louis Henry, dont cette année l’invité d’honneur fut Cuba, et par ricochet le Secours Populaire, grâce ou à cause du cyclone Irma ayant ravagé une partie des îles du nord (Saint Martin, Saint Barthélémy entre autres) qui pour l’aide apporter et à apporter aux populations sinistrées devait être remercié et mis en lumière.

Un public nombreux a répondu présent, selon les organisateurs un peu plus de 2 000 personnes « sont passés » : des familles, des enfants, des adultes ont profité des stands proposant des spécialités antillaises, ainsi que de l’artisanat, une animation musicale, en adéquation avec ce moment, de la salsa, des contes pour les enfants narrés par Igo Drané et Marie-Louise Sambin, le clou de la manifestation fut le groupe Ethnick Nwel, qui proposait ses cantiques revisités pour l’occasion à la foule reprenant en choeur les refrains.

Et dans ce décor, et cette bonne ambiance, et dans des odeurs de bokits, un stand achalandé attirait l’attention, celui du champagne Marie Cesaire, qui offrait des dégustations de ses différents crus champenois, de jolies hôtesses pour recevoir les dégustateurs, dont la pédégère de la marque de champagne Marie Césaire, une jeune femme ravissante, souriante dans son ensemble rouge, elle pétillait comme son champagne.

Une manifestation populaire qui croît d’année en année, perfectible sans aucun doute quant à son organisation et sa programmation, car devant jongler entre sa partie marché de Noël et Chanté Nwel et un public plus nombreux que la Halle des sports ne peut contenir.

Quoi qu’il en soit, rendez vous est pris pour l’année prochaine, l’invité d’honneur sera Haïti, ce pays de la Caraïbe qui nous a tant apporté, et qui difficilement s’en sort actuellement.

 

Zephyrin Evariste