892151_750439131663030_1810658820_oLe 28 octobre 2016 se déroulera La Journée Internationale de la Langue et de la Culture Créole. Pour célébrer cette journée, L’Or des îles a souhaité donner la parole aux acteurs de la culture créole. De nombreux artistes, écrivains et réalisateurs ont été sollicités pour répondre à notre Interview Dé mó, kat pawol, spéciale « le Créole et vous ».

Pour ce cinquième rendez-vous, l’artiste guadeloupéen Diggy Dah, a lui aussi accepté de répondre à nos questions.

Diggy Dah,

Où avez vous appris le créole, et qui vous l’a appris ?
J’ai appris le créole au sein de la famille, mais plus jeune, on ne devait pas le parler à la maison. Seul les adultes avaient le droit de le parler. Si un adulte te parlait en créole, « ou té oblijé réponn li an fransé ». Du coup, on le parlait, dehors avec les camarades de classes, le plus souvent. Donc, je répondrais que je l’ai appris à la maison et j’ai appris à le parler dehors.

Que représente pour vous le créole en tant que langue vivante ?
C’est une histoire, et il était tant qu’elle soit reconnue entant que langue et non en tant que patois. Au vu du mélange de mots empruntés à d’autres langues (Sénégalais, Espagnol, Anglais etc…), c’est une langue riche en histoire.

Est ce que le créole est une langue vivante, qui s’adapte et vit dans son époque ?
OUI, elle s’adapte vite. Un trop vite. Je trouve que nous avons trop tendance à la franciser en Guadeloupe; certains mots disparaissent du langage courant.

Aujourd’hui, comment voyez vous la transmission du créole ?
Il y a du changement. Je vois beaucoup de jeunes parents parler le créole à leur enfants, et les petits répondent en créole. Je trouve ça cool. Je fais pareil avec les miens. Je ne les interdits pas de me répondre en créole, au contraire. Le créole ne doit plus être vu comme la langue du ti’nèg…

Pour vous, pourquoi doit on protéger et promouvoir le créole ?
Quand on dit créole, rien qu’avec ce mot, on voit une histoire, notre histoire. C’est notre patrimoine, c’est notre culture, c’est le vécu de nos ancêtres, c’est nos origines. 

Pour vous que représente le mot créole ?
En un mot, je dirais « mixité ».

Qu’est-ce que la culture créole pour vous ?
La culture créole, comme je l’ai dit plus haut, c’est la mixité. C’est notre culture, mais emprunté à plusieurs autres cultures.

Musicalement, pensez vous que le créole puisse s’intégrer sur des partitions plus « conventionnelles » (rock, blues, techno..) ?
Bien utilisé, le créole s’adapte à toute sorte de musique, pour la simple et bonne raison, que nous avons beaucoup de mots courts, et surtout, des « R » mangés, ce qui facilite le débit parler, tout comme l’anglais.

Pensez vous que les créolophones peuvent être une force représentative en métropole ?
Vu le nombre que nous sommes, oui. On apprend bien le Breton à l’école, lool… ils sont moins nombreux que nous [rire].
Il faudrait que chacun y mette du sien…nous en premier puis les autres. Sous entendu, l’Etat qui pour l’instant ne nous inclut pas dans leur programme. Il suffit d’écouter les radios par exemple…on entend de l’anglais, du français, de l’espagnol…et pas de créole, qui pourtant fait parti aussi des langues de France.

Pour conclure cette interview, je vous laisse le mot de la fin … en créole.
An ka di zot on pil mèsi, pou ban nou pawol la, pou sa zo ka fè, défann kilti an nou. Plis lov ba tout pèp kréyol ki tini, Rispèkt…